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30 oct. 2008

THÉORICUS DÉBILITI ou « les cons sont cons si cons »

Les cons sont cons, si cons...
Les cons sont tellement cons qu'ils sont cons même les jours fériés et puis pendant les fêtes et en pleine canicule.
Jamais ne font la grève, toujours sur le qui-vive: abrutis constamment.
Les cons restent. C'est là un point d'honneur.
Les cons demeurent.
Et comme un puits s'enfoncent
Plus profond chaque jour
Davantage demeurés.

Le con est.
Se justifiant de lui-même
Sans aucun artifice.
Ainsi reste et demeure
con
Et davantage encore.

La nuit le con ronfle con rêve con pète con
Au matin il se réveille aussi con
Et il se lave con. Ensuite il déjeune et pisse con
Le con con-consomme cela va sans dire.
En bref le con vit con.
Jamais il ne s'arrête.
Souvent le con agit en cohortes (le con aime la compagnie très conne où chacun d'eux s'exerce à l'envi dans son art et dans l'émulation : assemblé le con se double de la bêtise et du bruit propre au troupeau ( toute foule est bestiale, et si elle est presque forcément débile de fait, toutes ne sont pas connes. On dit rarement « cette foule est vraiment très conne » ) Le con donc dans la meute, se prend pour son semblable et agit sans vergogne : ce sont ces vélos naufragés qui jonchent nos ruelles (roues voilées, pneus crevés, selles ravies) ou bien, plus méchants si le con s'enhardit, des coups de canne sur un gosse un peu trop vif. S'ensuit le rire du con : gras.
Mais plus perfide est le con isolé car à la bête connerie s'ajoute l'amertume qui la rend perverse et par-là -même, moins visible donc plus torve. La connerie sournoise prend alors des tournures cruelles dépassant les puériles actions spectaculaires. Délation jalousie envie, les aspects sont multiples. Véritable Phénix, le con protéiforme valse sur toutes les gammes.
Ainsi il n'existe pas d'uniforme propre à la connerie. Un flic con n'est pas un pléonasme. Il existe des flics. Et même des flics sincères. Tout comme des infirmiers . Et des Sdf. Pas d'habit identifiable à la connerie. L'utilisation abusive de l'expression « con comme la maréchaussée » est regrettable car fort mal à propos. Pas de métaphore propre aux cons. Jamais le con n'est « comme ». Il faut le répéter: Le con l'est par essence, il lui suffit de l'être pour être bien assez. Tel qu'en lui-même enfin l'éternité n'y pourra rien. Pourtant le con pourra s'orner d'un qualificatif tout à fait propice au su des circonstances. (cf l'ouvrage fort documenté « Variations sur le con »)
Attention : on peut se découvrir con. La vieillesse en effet est un facteur favorisant l'émergence d'une connerie latente et non déclarée jusqu'à un certain âge et cela en raison d'un refoulement psychique complexe qu'il n'est pas utile d'expliquer ici.
On parlera alors et à fort juste titre de "vieux con". Pourtant il n'est pas rare que l'apparition du symptôme se fasse sentir dès le berceau, la connerie s'aggravant bien sûr pendant la puberté ("âge con”/ “jeune con”)) pour atteindre des degrés indéfinissables par la suite.
Concernant l'expression « pauvre con » très répandue aujourd'hui , et cela sans considération aucune pour le locuteur quant au caractère spécifique de l'adjectif déterminant une catégorisation sociale liée au train de vie dudit "con", il est sûrement le fait d'un affadissement du mot "pauvre" dans le langage vulgaire, et néanmoins courant. Ainsi un bourgeois plein aux as pourra s'entendre affublé du terme « pauvre con » sans qu'il ne s'offusquât plus avant de son usage peu idoine.

Sauf cet air d'arrogance qui lui échappe quand le con s'oublie à sa connerie et qu'elle lui dégouline dessus et qu'alors le con pue, comment reconnaître un con non-puant d'un homme puant tout court? c'est qu'en général, le puant tout court chlingue mais il n’est pas grave de le prendre pour ce dont il a l’odeur, d'ailleurs c'en est sûrement un qui s'ignore. Plus fâcheux est le pendant inversement symétrique: quand derrière un non-puant se découvre à postériori et dans toute sa splendeur, le con, les conséquences sont bien souvent irrémédiables....Tenons-nous le pour dit: un con qui se lave est d'autant plus dangereux qu'il respecte son air au point de l'effacer. Jamais on apprécie d'avoir l'"air con" surtout si on sait l'être.
D'Où VIENT LA CONNERIE?
Les experts en connerie après moult études (scientifiquement testées )auprès de nombreuses ruches à cons et panels à conneries, ont fait le rapport suivant
"Même si la thèse génétique est une option intéressante, puisque des observations poussées ont permis d'établir l'existence de vraies "familles à cons" (ainsi dans certains cas remarquables, on naît con de père en fils, cela depuis des générations et sans discontinuité), il est désormais attesté que les facteurs socio-culturels et d'éducation jouent un rôle déterminant dans l'apparition précoce et le développement durable de la connerie chez le nourrisson. C'est rare qu'un con donne naissance à un génie. Mais attention , une nouvelle fois la réciproque est fausse: bien des parents tout à fait honnêtes se désolent de leur progéniture conne au point de renier ceux-ci. Enfin, la connerie est contagieuse, plus on est de cons, plus on est con.
En résumé pour détecter à-priori un con , on se basera sur quelques points de base:
A la puanteur du con on le reconnaîtra.
Puant le con traverse nos espaces
Infeste l'horizon
De miasmes contagieux
Sa peste indélébile guette notre pensée
Nargue nos folies douces
De randonnées débiles
Et fait de nous des cons.

Tristesse

La Tristesse n'a rien à dire.

27 oct. 2008

Ces objets au fond du trou ou "Rien n'va plus dans l'bitoniau"

Le frigo:
- J’ai froid.
J’me les pèle.
Ça caille.
On se les gèle.
Y a plus de saisons.
J’ai des engelures

L’horloge:
- Et moi je me fais chier....des années que ça dure..... et que ça dure.... et que ça n’en finit pas....et que quand ça finit enfin, y’a toujours un connard qui se pointe pour me remonter, et ça recommence.... et ça continue et ça n’en finit plus ....putain je me fais chier c’est pas dieu possible, ça n’en finira donc jamais....même Prométhée y avait un aigle qui lui bouffait l’intérieur....mais moi rien rien rien nada anything out of the world absolut nichts O temps suspens ton vol niet niet niet!
et tic et tac et tic et toc et tac tac et ce putain de coucou jaune qui coucoute à r’tour de bras et recoucoute chaque quart d’heure sans dyscoucouter une seule fois....jamais jamais y s’foutra en grève non non...c’est plus fort que lui, peut pas s’empêcher, “faire du zèle” que ça s’appelle, du “zèle-coucou”.....
Un beau Destin, tu m'en diras tant!
Et tic et tac et tic et tac tac tac coucou...

La bouteille de coca à moitié vide:
- Méthode coué: je suis à moitié pleine. Je suis à moitié pleine. Je suis à moitié pleine. Je suis....

L’horloge:
- Dieu qu’c’est long....qu’c’est long....

Dans la série: "Les classiques dans leur lit"

Roméo:
- Bonne nuit Juliette
Juliette:
- bonne nuit.

Page blanche.

Mes histoires qui debout, ne veulent pas tenir,
Je les couche et ça va beaucoup mieux.

Reposées, elles s’écoutent et s’éventrent.
Leurs lèvres ouvertes laissent entrer le destin.
Un sexe en appétit leur présente la Bible.
Le livre qui s’effeuille, s’étourdit sans un mot.

26 oct. 2008

L'important, c'est la chose.

Les choses ont l’importance qu’on veut bien leur donner.
Les choses sans importance sont souvent lumineuses.

Blanc d'oeil.

Le blanc de l’oeil battu en neige, j’ai perdu connaissance...
Il a fouetté mon dos pour en faire une chantilly délicatement cirée: “Ce n’est pas à l’oncle Robert de décider de l’heure des Vêpres!”m’entendis-je déplorer (et en toute bonne raison); Cependant un carosse garni de diamants roses et verts descendit du ciel sombre. Une fée merveilleuse sortit, (les marches en frissonnèrent) et de sa baguette molle, transforma le tonton en un cochon eunuque. La bonne fée me donna un baiser et me croqua tout cru: “que ce biscuit doré sent bon la fleur d’orange....”
Un péquenaud débarqua en lui donnant la recette. Il en profita pour culbuter ma soupière et je fus tout mouillé...(ah ces communs de mortels qui n’agissent qu’à leur guise! Quand auront-ils le cran de me prendre de face? Toujours s’enfoncent par derrière et mon cul en trépasse...)
Donc, me voilà bien trempé dégoulinant des genoux (et d’autres plus hauts organes), et comme mes dents sourient, je jaunis tout entier. Ironique posture: c’est moi le pénitent, blanchi comme la neige par un fouet sanguinaire. La fée, elle, est hilare, elle prend le martinet en vue de faire monter encore la garniture! Je sens mal l’entourage, il semble me haïr! Je voudrais m’échapper mais tenant et si bien (il avait mis le sel), je ne peux plus bouger....Tout l’alentour me cerne et me serre et m’enserre, tous voudraient me casser comme si j’étais un oeuf...ils me serrent et m’enserrent....moi je bous tellement que chauffant la marmite, je me fige illico et finis en meringue.
La pupille dilatée dévore le cadavre.

Lune, s'il te plaît.

Lune,
S’il te plaît ,
Peux-tu me rendre louve
Et les yeux calcinés
Tout sera bien meilleur ?

Ô Lune,
Peux-tu sonner le glas
De notre immensité ?

Lune, ô ma Lune
Ne suis-je qu’en quartiers?

Je m'étais faite belle.

Ah mon Ami si...

Je m’étais faite belle
Et il ne m’a pas vue. J’avais mis mes paupières, j’avais mis
mon sourire, j’avais brodé mes cils avec treize fils d’or, renvoyé mes chaussettes et mis des bas tout blancs,
Enfilé ma poitrine avec du coton rouge.
Avais appris des sons transparents de beauté (que nul ne peut comprendre pas même le grand Robert)
Avais lu tout Horace et un peu de Montaigne
Pour enfreindre les odes de tous les philosophes
mais il ne m’a pas vue.
Pourtant mes joues aussi je les avais bien roses,
Et ma voix également était de la partie: ni trop grave en accent
Ni surtout un aigu...
N’a rien voulu entendre: de belles et grandes filles
Aux allures montgolfière ont déhanché leurs hanches et vastes comme l’Ondine se sont mises à fleurir: Leurs ombres sous mes yeux se sont apesanties. Lui voyait l’éclat de leurs ailes de femmes. (je faisais la grimace pour qu’il ne m’oublie pas) lui voyait les armes affûtées de leur grâce (cette Présence pure et nul autre appareil qu’un corps apprivoisé)
Gommée par tant de charmes
Que faire sinon de rage
Donner sa démission?

Narquois, il pris sa guillotine
Et me guillotina. (en public sur la place comme il est nécessaire)

Je pends donc désormais rude comme l’aubépine et chante la rengaine de la fille de tribune. Je donne aux fous à boire,
À l’ivre, des mots doux.
Je le regarde, étrange, passer dessous ma robe
Il suce le sang noir tombé depuis ma gorge
Et de mes mèches d’or tricote un paillasson.

Un jour qu’il pleuvait dru, il leva son regard et doucement pleura.
Il disait au nuage de pardonner le ciel de son incontinence.

Un jour il s’enfonça dans une grande marmite et il se fit bouillir.

Voulait se faire dur et non plus à la coque. Malgré toute sa hargne malgré tous ses efforts, il ne parvint pas même à devenir mollet. Alors d’un coup d’éclair, je lui bouffai sa coulpe.

Je m’étais faite belle, mais il ne l’a pas vu. Je pends toujours en fraude, les larmes plein le corps. Le bûcher s’est éteint. Et la chèvre enfuie, j’implore la douce avoine, de chatouiller mes pieds.

mon ami, je suis folle!

Mon ami je suis folle.
Mon ami la folie me fait faire des folies: courir à perdre haleine sur le périphérique, regarder le ciel noir sans en perdre une étoile, manger la viande sèche et la peau des oranges
Sourire à tous les rires et même, en toute hargne,
brouter les prairies parisiennes en guise de musique!
Respirer les airs clos de nos compatriotes (fatigue et grise mine/sudoku et l’Echo) n’est pas sans advenir et j’explose mon rire aux nez du tout venant....

Voilà des hommes en uniforme! Ouhh qu’ils sont laids ouhh qu’ils ont mine méchante! Ils s’approchent de moi (je fais celle qui a le sens infus et la Raison bien droite....) , les voilà qui me toisent (je continue à mâcher mon herbe comme si de rien n’était, ruminante modèle....), les voilà qui me collent et m’attachent menottes (je meugle gentiment que je ne comprends pas et m’étonne de ces liens si bien peu confortables....), ils m’emmènent en un box sans un pet de verdure....leur chef me regarde, il a un beau chapeau: je lui chante la chanson du chef au beau chapeau...il m’applaudit du regard et brait une comptine....doucement me libère, je chevauche à nouveau!
Je descends rue des Cascades et brandis mon gosier: les pigeons font la fête et les égouts rigolent! Mon dieu, je suis folle au hasard mon ami je suis folle!
Et puis je deviens sage à force de folies: je baise le clochard, et fauche au Monoprix des culottes sans couleur et au triste destin....
Je deviens clandestine et je pleure sans savoir.
Fade, abîmée, je rentre me coucher.

Pleine lune

L’homme caressa mon poignet funèbre : il le tordit jusqu’au déchirement . Une odieuse Joie me remplit. Et sans un cri de douleur, je sentis le feu m’envahir. Une bouffée de triomphe m’emporta et je murmurai sans mentir « tu es beau comme un porc » . Je me mis à genoux et croquai le bourreau. Il ne s’en étonna guère. Et s’assouvit sur moi. Ma tête électrique rigolait comme une folle. Barbare mon corps s’évanouit sans mot dire.

BON, REDEVENONS VIOLENTE.

- puisque tout semble mort quand je ne hurle plus (et même devient femelle), je retourne à la source et baise ta poitrine.
Sueur léchée, je fais la moribonde pour qu’on me croit cassante. Mine de lait et le cul rose que je penche à demi ( ils entonnent l’air de braise, enfonce leur Capital). Déjà ne pensent qu’à l’inflation qui surprend leur empire.

Le caniche a pissé mal
Lui en a pris
Il aura une amende
Il aurait pissé dru
la face du monde en eût été
lavée
mais il a pissé torve
et a touché le mur
qui s’en fut ravalé.

Il paiera son amende, sans quoi
Il aura droit au caniveau à vie
Avec mort sous torture.

Je gueule pour faire croire que mon cac est au ciel.

Promesse

Elle ne pleurera plus
Elle l'a promis
À celui qui la prendra un jour
Qui ne mentira pas
En lui disant je t"aime

Elle ne pleurera plus
En attendant ce jour
Elle en profite encore

La fin du cri.

Ce serait l’histoire d’un cri qui se lasserait de casser les oreilles à qui voudrait l’entendre. Ce serait un cri qui, à la suite d’un choc émotionnel deviendrait muet. Un cri qui à force de gueuler aurait perdu sa voix, un cri stressé par le bruit de son écho, aurait somatisé et serait devenu aphone. Ce serait un cri qui un jour se rendrait compte que ça ne sert rien de crier, et qui se suiciderait. Un cri amoureux du silence et qui pour le lui prouver, renoncerait d’exister. Un cri devenu sage. Un cri qui s’apaiserait. Ce serait le cri désespéré qui prendrait le courage d’aimer enfin la vie. Et garderait sa force pour la poursuivre vertical et debout.
Ce serait un cri de joie formulé dans le corps et non plus par la voix. Un muscle sculpté dans le bronze de l’air. Inaudible et nourri depuis des millénaires par les laves des charniers. Un cri forgé par des orgues impossibles. La lutte symphonique en un art apparu. Un cri d’halluciné converti au visible.
L’érection organique de son éclat passé.
Ce serait le cuir de la peau. La souplesse des courbes ( Non plus l’arpège strident d’un squelette diatonique). Ce serait la violence de Chopin devenue somnambule. Ce serait, inhumée, l’horreur des holocaustes dans un sombre regard. Et le noir de vivre pour l’instant éternel.
L’arrêt du trapéziste quand cessent les mots du Sage. Les ponts qui poussent par-delà les linceuls. Et la montagne grandissant ses sommets.
Ce serait le souffle du désir qui ne peut plus s’éteindre. L’espace du vagin quand la vie le déchire.

Sans lendemain

Il la regardait comme étendu dans un lit à côté de sa mort: bredouillant maladresses et fausses indifférences.
Elle ne répondait pas, feignait l'insouciance. Dormir est le mépris suprême.
Elle savait que ses yeux l’avaient pris à la gorge, et l’avait étranglé. Le jour, elle les écarquillaient sans en connaître les flammes. Ils lui échappaient et ne séduisaient que des fauves sans conscience. En dormant, elle le haïssait triple. Et lui dans deux secondes fumera une gitane.

Dessous les cils, la tristesse malgré ses cheveux peints.

Dimanche en octobre.

Je me dirigeai comme un pélican après la tempête: au son des cloches et comme il se pouvait.
L’envie d’aller soudain Place des Fêtes plutôt qu’à l’Etoile était inexplicable.
Mais le jour n’y était pas plus présent. Des feuilles de salade traînaient là , que je ramassais avec application.
Un monsieur en costume me tendit un billet de cent sous. Je le remerciai comme en reconnaissance: avidement sans y croire.

"Sagement je suis morte."

La police la retrouva nue sur son lit,
une lettre à ses pieds, adressée à son père:

“Mon si cher père,
Papa,
Ce soir,
Je suis morte de tristesse.
Ne l’ai pas fait exprès."

Un drap épais autour du cou
De Tristesse
"La Tristesse
M’a sucé tout le sang: il était blanc!
J’eus tellement peur de ce sang blanc qui coulait hors de moi, que j’ai pris un couteau pour me fendre une veine et voir si je ne rêvais pas: non! Le lait crémeux suintait sans répit! J’eus si peur que je chiais à me vider le corps! J’eus si peur oh mon dieu et je criais:
“A l’aide! Je coule blanc tout blanc!”
oh mon dieu comme j’eus si peur!....

je criais:
Je ne veux pas mourir! Non non je jure que je serai bien sage! ne mentirai plus jamais! Mangerai le bifteack et toute la purée!
C’est promis plus jamais
Je ne serai malade
Ni triste je serai
Gaie et rose
Je serai si
Joyeuse que vous serez
Contents je
Serai
raisonnable
Prendrai les lignes droites souriante et surtout je
serai bien gentille
souriante et gentille
ne dirai plus un mot
de travers
me tairai rose et gaie
Oui je vais bien me taire! je ne veux pas mourir!
Et ne mentirai plus
Je vais me mettre là
Et ne bougerai plus”

Mais la tristesse
L’a vidée
comme une feuille à l’automne.

Vivante.

Assaillie

corps tressauté fulminant.

les paroles qui résonnent, sonnent,
ce soir, ténébreuses.

Changer de direction? de sens?

soudain comme égarée
prise en flagrant délit
de vol élémentaire.
comment se justifier?
perte d'identifiant.

Ces paroles mêlées de brouillard et caféine

soudain
la peur

j'appelle
m'épelant
pour marcher
devant
yeux bandés fermés

j'appelle j'appelle
sauter pour mieux sentir l'insaisi
du corps de la pensée
de mon corps sans pensée.

Qui pour entendre un son dans
ce nom trop évident?
Qui pour deviner l'étiolement
organique
de ma pensée?
délitement,
ce soir comme délitée
de tout sillon.

seule
accompagnée

ou riante riante riante

ce soir: cherche des mains
pour sentir
Localisée
la chair.

la pensée saigne.
Vivante.

Méfions-nous.

Hier je fais le test de Marie-Claire "Quelle femme êtes-vous?",
A la question : "Vous n'en voudriez pour rien au monde:
a-Mike Jagger
b-Mickael Jackson
c-Jean-Pierre Pernaut"
Ayant coché le petit c, j' apprends que je suis "une bombe pour mec à adrénaline"
...
Depuis je jouis dès que je passe devant le miroir.

L'heure qui fâche.

- ON A TOUS
CETTE NUIT
VEILLI D'UNE HEURE
SANS LA VIVRE
C'EST DÉGUEULASSE!

- Mais non, tu t'es trompé de sens.

25 oct. 2008

La Réflexion du jour

"Si Lili la pute s'envoie en l'air,
Pépé n'avait qu'à bien la tenir"

(in "Réfléchissez-y deux fois, ça peut rapporter gros"
Ed.du Syphon- 2006)

Fillette aux lèvres bleues.

Derrière la grille du préau gris
gelée
une fillette aux grands yeux
pleure
emprisonnée de froid.

Elle veut vivre pionnière
dénicher les carcasses
des sentiments enfouis
arracher à pleines mains
le tumulte du corps
qu'on ne lui a pas appris

Elle veut creuser le monde
elle veut creuser ses pleurs
comme une terre étrange

creuser, creuser toujours les larmes du malaise

- Au bord du précipice, au risque de se perdre
vivre pionnière
et resurgir
baptisée et guérie
des paroles noctambules
vivre pionnière et neuve
baptisée et guérie.

Derrière la grille gelée d'un préau
mort
une fillette aux grands yeux gris
pleure
tremble d'effroi.

24 oct. 2008

folle

Les licornes ont-elle crevé les ballons du soleil ahuri?
Et se peut-il encore que demain je m'éveille?
Où est-il le silence que les étoiles ont prédit?
Où est la lune?
Où est le vent?
A l'heure du vin je suis saoûle et ne pense qu'à ignorer le jour
car demain à l'éveil, je recompterai les heures et les plannings à trombones;
je ne suis pas mathématique, je vous l'ai déjà dit,
je ne suis pas dans les valises que l'on pèse à l'accueil
je suis une montgolfière!
je suis sans parachute
je suis canon à neige
je suis une trompette
et la mort m'assassine!
Je suis la voiture de papa et la roue de secours
je suis l'autre rivière (celle qui coule à l'envers)
je suis arbres à hélices
je suis une baudruche
un clignotant rebelle
et soulier anarchique
- le vent dans les cyprès
-un croissant aux amandes
- l'oeil de lynx à minuit
- les plumes exubérantes
- je suis mille et une nuits chantantes
et j'emmerde le monde à coups de bottes de foin!
Vive le ciel à délices
et les machines à ailes
j'aime
j'aime
j'aime
la vie qui me ravage
(soudain toute la joie)
le coeur qui bat
comme à nouveau
sans demi sans attache

J'éclate d'un rire
à surprendre
l'Univers!
J'éclate
je suis une hirondelle
J'ai vaincu les hivers
et sonne le printemps!

Faits divers

- le chat a traversé dans les clous
- ils ont fini le ravalement de façade
- j'ai mangé du poulet sans poulet: ça s'appelle du tempeh et je sais pas à quoi ça sert.
- la voisine n'est pas contente.
- Mon voisin met sa sono à fond
- mon voisin a l'air d'apprécier Balavoine.
- La voisine fait une machine.
- Il n'y a pas de fumée sans feu.

Tellement mieux

je serai mieux demain
je serai tellement plus belle
sourirai tellement mieux
les caresses seront tellement plus tendres
Ma peau tellement plus douce
mes lèvres tellement plus roses
et dorées
que tu ne regretteras pas
ta solitude
l'indépendance
ta liberté.

lettre à l'amant (à) jamais aimé

Comment croire à demain
quand les ombres nous brûlent?

Lettre à l'amant (à) jamais aimé

Amante insaisissable
où les mots en sexe mâle
se dressent et dansent
hargneux

Généreuse.

Elle marchait comme un trombone à coulisses:
les flancs larges
le souffle court
les talons dilatés par une cadence molle,
comme raplatie.

A la vie qui me tient

c'est l'hiver
lumineux
aux ailes
non terroristes.
C'est le froid globuleux
qui sépare les distraits
C'est l'humus de nos sexes
quand ils s'endorment à vif
C'est l'aurore pervertie
par des canettes de bières
C'est le feu du plaisir
quand l'autre s'encanaille
C'est la pluie des possibles
quand tes yeux me regardent.

A la Vie qui me tient
quand la mort tire encore

Tu ne m'aimais plus

J'ai fait un cauchemar:
Tu ne m'aimais plus
Tu me jetais dans la mer (un caniveau de Paris)
Avec les ragondins
Avec des poulpes gras
Avec des arbres secs
avec des biches aux yeux percés
J'étais perdue au fond du monde
des ciboires pour casquette
Des ribambelles de traîneaux me narguaient en louvoyant
Salement je suis sortie des ombres
C'est alors que ton petit doigt sortit de sous la terre
et fronça des sourcils
c'est là que tu ne m'aimais plus
Méchamment tu ne m'aimais plus
ça grondait de partout
comme une vibration noire
en sourdine
d'un piano asphyxié

Grondement funéraire
de qui a trébuché.

la lendemain, je profitai de la vie.

E comme Epigramme

Epigramme: n.f. Petit poème qui se termine par une attaque qui tient de la satire.
Une des épigrammes les plus connues de la langue française fut celle écrite par C.A.M. (non sans humour) contre un adversaire surnommée La Mouche:

"L'autre jour aux cabinets
Une sale mouch' voulut m'piquer
Visant bien mon train arrière
L'animal fonça très fier.
Que croyez-vous qu'il arriva?
D'asphyxie il en tomba."

.

Claire

- Car même au réveil
Comme tracée par
ou plutôt
trouée
ou bêchée
comme ainsi
Inscrite (gravée)
parmi EUX - les rêves
m'ont damée les salauds!
comme la neige à Val d'Isère
m'ont damé le corps à coups
de croix
de visions creuses
cruciformes nées de moi
vécues
à mon insu
vivantes.

Nuit terroriste.

J'ai
- ô mon dieu!-
si peur
de m'enfoncer
dans les mots comme dans les rêves
et de ne plus pouvoir
ma tête
- ô mon dieu!-
au-dehors
sortir
en dehors d'eux
sortir
Comme
Cette nuit terroriste
dont je n'ai pu m'échapper.

23 oct. 2008

Petite.

Le rêve du départ s’est agrippé à son chemisier. Des grêlons s’abattent et les cimetières s’ouvrent devant l’incertitude. Il lui prend la main comme un coquelicot. Elle habite une demeure où la lumière répond. "Son père –lui dit elle en secret- son père l’a toujours laissée au rebord des ravins sans lui dire de ne pas s’y pencher."
Il lui serre sa petite main bleuie par la fraîcheur de mars. Elle lui raconte un peu comment elle n’a eu plus faim un jour mais (elle rit les yeux cernés) que tout ça c’est si loin. Et qu’elle aime tant les crêpes remplies de sucre chaud et puis la viande aussi. La viande bien saignante. Il la regarde comme si elle allait partir. Elle repose le front sur son épaule. Pleure un baiser dans le cou. Il ne l’aime que d’amour. Il la laissera là.
Affamée,
Elle sourira toujours
Au rebord du désir.

Vanité.

Dire que j’aurais pu mourir
et le monde s’en foutre
N’ aurait rien vu
N'aurait rien su
aurait continué
A sourire à baiser
J’aurais rompu la vie
sans qu'elle s'en aperçût
aurait continué
à sourire à aimer
sans moi,
le monde entier

Pas un tremblement
de la Terre
qui n' aurait rien senti
n'en aurait rien battu

Dire que j’aurais dû mourir
Et rien n’aurait changé
Sauf à tourner sans cesse
Et sauf moi dans le monde

Quelle bonne idée j’ai eue
Ce jour là d'exister
De vivre davantage
Ah quel bien m’en a pris
ce jour là par surprise
De rire et de baiser.

Trace

Je vis comme dans le sable
un coup de vent
M'efface

Tu seras un homme...

Catéchèse syndicale.

Doute à l’orée du sommeil: la pupille a divorcé sans entente mutuelle pour les bras de Morphée. Le jugement a donc duré plusieurs lunes, et le Juge familial a accordé la garde au membre de confiance : les rétractations multiples du cercle et ses dilatations à tort et à cris, ont fait pencher la balance. Morphée elle éclata de son rire et réveilla les mandibules du Parquet.
Sans plus jamais se laisser prendre au jeu, la cervelle ne dormait que les jours de solfège. Les notes grastriques parsemaient le brouillard.

Parchemin de nul part
Digne de ton pardessus vert .
Il faut à la Raison te faire et l’engrosser :
Suis le verbe rare et les gommes ancestrales. Parie sur les clous, et les feux de broussaille. Mise tout sur le nucléaire. Spolie la canne blanche, agresse les fauteuils roulants. Tague les HLM, calcine les sdf. Laisse la monnaie aux vendeurs d’hamburgers, achète des poulets momifiés, détruis les livres sans image, fume capitaliste, mets des uniformes kakis, pisse dans les pots de fleurs, viole les jeunes garçons qui mangent leur banane, n’oublie pas de rire aux fauteuils roulants, et de montrer du doigts les obèses. Fais toi chirurgien en botox, et gonfle les veinules, mets du rose sur les lèvres des connes, rajeunis le conducteur de volvo. Crève les pneux des bicyclettes essuie la vitre des 4*4.
Tu seras un homme mon fils et assuré de vivre.

L'été par la fenêtre

Lumière fixe des fenêtres d’été. Le soleil persiste à pénétrer dans la chambre. Orgueil vain de l’astre. Forcer la porte de la solitude pour la rendre moins seule.


Mais doublement vitrée, celle-ci réfléchit une armure sans égale. Le soleil aveuglé de ses propres traits s’empourpre d’humiliation.
Et si lui se calcine le coeur, l’inhospitalière creuse un gouffre glacé.

Je regarde par la vitre un chien psychédélique. Un ballon rebondit attisé par le vent. La mère jette un regard sur le garçon qui court.

Il me vient un frisson. L’été sourit sans fin. Un perrier renonce à clignoter.
Des moufles font la gueule. Ont raté le casting, n’iront pas à la mer.

Il passe des aquariums sur le Mont Valérien.
Mes yeux sans hâte pêchent un mot de fortune. Se croisent sans regard. Des flèches leur sautent au cou.

Diapason

PAGE BLANCHE ET NOCTURNE
Je pose un mot. Et son amande
Eteint la danse.
J’essaye un la. Il résonne, imbécile
(« il n’y a plus de poème »)
J’essaye un la. L’écho grimace.
Les fers des yeux expertisent. Ils signalent un manque de pensée.
L’amande elle s’est écalée. Son eau dégouline , je lèche et déclare victorieuse :
« La ! »
« La ! »
Une main lamentable me ramène au sinistre (écrans et Empédocle). Des brouillards ferrovières. Le gaz et une moustache)
L’eau n’a plus de goût. La honte de marcher/ quand rien ne me sourit
Je suis partie nager
Et ne le savais plus.
Au moment de faire plouf,
Un grand « LA » illumina la mer.

*******

Aux galeries on s'éclate.

J’entre aux Lafayette Gourmet. (Boulevard Rochechouard)
Étalages débordés -Symphonie de macarons aux parfums improbables, des bonbons en montagnes et l’Everest en tagines , Caviar dégoulinant sur les saumons séchés fumés salés -
Un homme à tête de périscope se glisse dans les rayons/ moi je continue la visite avec mes espadrilles: les sushis valent de l’or et les pâtes sanguinolent devant leur inflation/ Ubiquité de l’homme et transformable à souhait: camouflé en sous-marin je le distingue entre les foies de veau et quelques rognons blancs/ Aux galeries “Poissons” les saints-jacques ont renié Compostelle et préfèrent le confort d’un lit de glace en or/ L’homme est maintenant plusieurs. Gremlins de Haute garde se méfient (ont raison) du pauvre sans caddie. Ils sont là et sévères mettent leur girophares/ girophares sans sirène: optent pour l’opération “Intensification de la lutte/ Plan 1750/ Derrière les gâteaux aux doux noms de poèmes se faufilent des lance-pierres et quelques baïonnettes/ moi je poursuis la lecture (n’ai pas pris l’oreillette): ingrédients sans frontières, menus en queue de lotte, date de fortification d'insolentes cochonailles : inconnue/ Cantique des chocolats / Des arômes inconnus musclent la devanture, tiens je distingue un furet au carrefour des spécialités à l’angle Poitou –Alsace-Lorraine/ Peut-être la visite se fait –elle sur le thème de la débâcle de 14? Couchées les silhouettes noires ressortent davantage,les lunettes au passage se réfléchissent aux lumières des néons bleus fluorescents et grossissent le slogan des “rillettes Bourdouchanel, encore plus fin que le Numero5” , leurs mains gantées kalaschnikofs camouflées sous la roquette et feuilles de chêne me rappellent ces fameuses reconstitutions (de si bons goûts ) des tranchées de Verdun / mais mon intuition est rapidement démentie par l’exposition architecturée de yaourts suivie par le pavillon des quenelles / les cerbères toujours à droite en haut en bas et même dans la vitrine réfrigérée/ Moi le sourire devant tant de liqueurs et statues de hautes marques rivalisant d’inédites recettes! Vais voir le commissaire: mais quel est donc l’artiste? Personne ne me répond, des visiteurs de grande classe (sûrement accrédités par le ministère de la culture) ont des caddies pleins, il va falloir de la place pour accrocher toutes ces oeuvres (je me dis), cependant la Gorgone multiplie ses particules et tout à coup 17 hommes autour de moi gueulant "les mains en l’air”!!/ hi hi hi c’est un happening -je pense en moi-même que c’est un peu passé de mode mais bon ils sont tellement dans leur rôle d’agents de surveillance que j’optempère illuminée de rire: - mais oui mais oui c'est ça bien sûr haut les mains et puis je vide mon sac hein hihihi!” et là, l’homme à tête de périscope me prend et me dit d’un ton fort peu avenant: -et te fous pas d’ not’gueule passeque on t’a vue sale voleuse! “ et vidant mon sac vide, je m’excuse bien bas “qu’ils ne puissent y trouver la fameuse Pomme de la discorde.....vraiment je suis confuse d’avoir fait clapoter leur numéro fort comique au demeurant ...mais (plus bas:) il fallait me prévenir à l’entrée: j’aurais en effet volontiers joué la comédie en leur compagnie...et avec grand plaisir.... oui, que, d’ailleurs, j’étais très bonne comédienne à une époque puisque j’avais même participé activement pendant plusieurs années à l’atelier “théâtre” de mon collège (le collège Grandmougin de Pfouite-le-zoute), et qu’en quatrième 3 j’avais obtenu LE grand rôle en faisant Célimène dans la pièce de Molière....sisisi! et qu’ on m’avait même félicitée longtemps pour mon jeu qui avait beaucoup marqué les esprits (m’avait-on dit mais bon vous savez ce que c’est les parents, les amis ...enfin certains professeurs en personne étaient venus pour me le dire...alors bon...c’est que quand même il devait bien y avoir un petit quelque chose quand même).....comme quoi, ils auraient vraiment dû me le dire à l’entrée....”.
Les otaries balbutièrent quelques vulgarités /au passage m’adoubèrent de noms tout exotiques, voire fort licencieusement grossiers/ Et quant à moi, pour honorer leur prestation si surprenante (à défaut d’être aimable), je glissai dans leur poche de costume deux billets à partager avec toute la troupe....après tout les artistes, il faut bien les aider...

Je reviens du baiser

Je reviens du baiser
qu'il ma donné ce soir
dans le noir.
Je reviens du baiser
qu'il prononça très bas
et sur un mode antique
dans le creux du désir

étourdi du frisson
le plaisir maladroit
happe la bouche offerte

je reviens du baiser
qu'il m'a donné ce soir
dans le noir et la nuit
comme si j'étais un songe .

les arbres plantés....

Les arbres plantés comme des trombones
D’acier
S’épinglent un à un.

Eux poussent et moi déjà partie
/ en avant et arrière/
eux qui poussent dans le ciel
et moi juste l’horizon.

Il y a beau jeu
De lever la tête et se tordre les yeux,
Rien n’y fait, comme un oeuf
Cuit à plat.

“S’élever”
N’est pas donné à tous.

le regard du chameau

Grandir à trente ans

Nénuphar à l’automne,
Le regret a plié ses bagages.
Il est pâle,
Le regard du chameau
Arrivé à son port : le désert dans les pattes
Et plus une caresse.
Une oasis applaudit son effort.
Ne s’étanche pas la peine : le touareg reconnaissant
Est rentré dans sa terre
-Il manque une caresse -
Sa bosse est une larme
La bête reprend son cap :retourne vers le sable
Pour assécher la peine.

A l’horizon, un bleu nuit lui compte des étoiles.

Il les regarde toutes. Baptiste de l’aurore,
Dépliant ses genoux, il chante un chant de mai.
La lune bédouine lui tend un Pierrot vert.
Jérusalem réconciliée cligne de mille musiques
S’ouvre l’audace innocente
Et des rires sans malice murmurent l’eucalyptus.

Le chameau suit sa peine
-La caresse manquante-
Le coeur en quatre
plié et pâle

Une oasis est née :
Ses bosses pleurent encore.

les rives de tes lèvres

Les rives de tes lèvres
me donnent le vertige

Au rebord de tes lèvres
J’ai déposé ma lèvre.

Entrouvertes à demi
La langue s’est soumise

(une grenouille a sauté du buisson)

Au rebord de ta lèvre
J’ai déposé mon souffle
( ta mâchoire câline a fouillé ma paupière)

Au demeurant une hirondelle a fait son nid.

Au ravin de tes yeux j’ai plongé toute l’âme
Eperdue par le gouffre, l’hérisson de ta peau
Erection de la peur de n’être plus assez.

Aux hasards de nos peurs on s’est asphyxiés
Troglodytes amoureux
L’enchainement des courbes
Vaste la Dune
Et l’ accord
Etendue lumineuse
Le baiser viscéral : ton sexe dans le mien.

Mirage de l’englouti
Au rebord de ta joue au rebord de mes lèvres
Au rebords des cailloux où s’enfonce le gland
Aux crevasses de mon sein aggravé de ta main
Au hasards des chevaux surmontant la montagne
Au rebord de nos lèvres entrouvertes à demi
Le baiser sémaphore
S’est calé dans nos bouches
Indélébile
Imprononçé

La bouche se sépare
M’assassine le rien
Que ton manque à ma bouche

Ma lèvre chaude encore
Du miel de nos lèvres
A froid de ton absence

Un gel sucré m’écoeure

Le baiser est éteint
A présent tu respires
Et je perds le souffle
Au rebord de ta lèvre
Il est resté pendu.

Ecartélement
Le cri de nos peaux sans contact
Chant aplati des savates
J’entends des pommes de terre et les kiosques à journaux
(tu me manques)
Sonnent des youyous d’autoroutes
La pluie n’est plus qu’humide
Elle a perdu sa bruine
(tu me manques)
la farine en poussière, l’enfant une castagnette
je hais les gens qui s’aiment
ma lèvre désolée


Au rebord de ta lèvre
Je pose mon ivresse
Les langues s’étourdissent
- la valse aux mille temps-
jusqu’à l’orée du souffle

A l’aube de nos peaux
Chuchote un frisson d’or

Bassin de l’altitude : pressenti
Du tonerre
L’abandon de l’Amour
A l’orée de ta lèvre

Les rives de tes lèvres me donnent le tournis


Macchabées
Des bruits s’enfoncent
Nocturnes dans mes reins.

La lèvre abandonnée
Te cherche de la langue
La langue délaissée
Est morte ,
S’est étranglée
Au manque de ta bouche
La lèvre s’est éteinte au rebord du silence
Auquel tu l’as laissée.

Sèche la bouche séparée
De l’aimé.

Plus un son sauf
au-delà de l’audible
Une scie gémissante
Les bêtes hurlent à la mort :
la scie gémit sans fin
Elle déchire la lune alors qu’elle était pleine
Stridente imperceptible,
l’univers s’écartèle,
Les lions replient l’échine,
Les hyènes courbent leurs flancs
La scie indélèbile de ma lèvre déserte.

Sur ta lèvre amoureuse
j’ai posé une lèvre amoureuse
Et nous sommes tombés
Dans nos bouches
Amoureuses.

Dans ta bouche au sourire
J’ai posé mon sourire
Et nos bouches sans mot dire
Ont éclaté
De joie

Explosion des salives

Au rebord de ta lèvre
Ma lèvre sanguinaire
A déposé ses larmes.

la fille pélican

Je me dirigeai comme un pélican après la tempête: au son des cloches et comme il se pouvait.
L’envie d’aller soudain Place des Fêtes plutôt qu’à l’Etoile était inexplicable.
Mais le jour n’y était pas plus présent. Des feuilles de salade traînaient là , que je ramassais sans en sentir le rance.
Un monsieur en costume me tendit un billet de cent sous. Je le remerciai comme en reconnaissance: avidement sans y croire.

fièvre de cheval

Un jour je mourrai seule en hennissant d’espoir sur le pont d’un grand paquebot noir étoilé. Je m’harnacherai au Ciel pour que le vent m’emporte. Engloutie par une joie archaïque, un gémissement inouï sortira de ma bouche. L’organique aboiement essoufflera Homère et toute la descendance.
Un printemps s’ouvrira heureux de la fleur souriante: des mains se tendront pour les filles de moitié et les pères reconnus oublieront le fardeau.
Un jour je mourrai seule, ma rage assassinée et le sexe entrouvert. Des marins pubères lècheront ce qui reste et à tour de rôle. Le capitaine lui-même offrira sa superbe. Sur le pont on chantera “sur le pont du navire”, sur le pont on dansera et le vin coulera. Et moi seule harnachée au ciel du grand paquebot, je m’emplirai de l’air qui cognera mon front, mon sein droit découvert frémira sans décence / Ô caresses d’Eole (l’invisible violence ) aux caresses d’Eole on succombe sans peine…/ puis mourrai du triomphe de n’avoir su aimer

Infusé, le Baiser!

Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!Infusé, le Baiser!
Infusé, le Baiser!

22 oct. 2008

L’histoire du petit arabe qui aimait une pousse d’herbe.

Il l’avait arrosée tous les jours avant le lever du soleil pour ne pas qu’elle s’effritât sous les brûlures de l’astre et toutes les nuits pour qu’elle pût récupérer l’épuisement du jour.
Il lui avait conté mille et une fariboles pour qu’elle s’ouvre légère et qu’elle s’éclate au ciel/ (le monde si gris comment pourrait-elle naître?)
Chaque instant de blanc, il envoyait ses prières pour qu’elle ne crût pas qu’il eût pu l’oublier/
Envoyait ses pensées les plus douces et dès qu’il le pouvait, allait la caresser plus tendrement encore.
Le petit arabe avait construit un abri pour qu’elle fit face au vent. Face aux insectes mâles, il se fit ingénieur et maître de campagne. Il bravait les limons comme si des lions fumaient! Il combattait le salpêtre comme des loups affamés! Ô qu’il était agile le petit arabe ! si fougueux à la lutte devant les forts en lutte ! si malin face aux ruses de la nature maligne!

Mais la jeune pousse ne daignait lui sourire. Ne daignait un regard. Le mépris la séchait.
Lui ne comprenait pas. S’acharnait à l’aimer.
La pousse misérable se remplissait de fiel. Poussait mais comme du marbre.
Le petit arabe courait toujours sans comprendre la peine. Et la pousse poussait comme l’étron vers le bas.

Comprenez: elle voulait qu’il fût vert cet amant et non beurre et doré! Elle s’éprit d’un batracien ( le prenant pour pelouse!) La bête l’ignorante! La bête la bouffa quand il la vit s’étendre toute chaude épanouie, étendue et offerte.

La pousse digérée, le crapaud la péta.

L’arabe lui court encore, fou furieux de douleur
Petit fou de l’amour, ne sait plus où aller...

Poème sur échafaud

Des lettres englouties regardent le sol imberbe et s’enfuient devant le trône. Des éclairs jaillissent du sol par milliers (DIEU ne sait plus comment faire, il remet son dentier). Pendent des arbres jaunes un poulet élevé au grain. Les spermatozoïdes attendent le tramway.

Une femme sort enrobée d’un drap blanc. Elle protège un nourrisson (il pleut de la vulgarité). L’homme lui embrasse la bouche. Et caresse l’enfant.

Terrée dessous la roche funèbre, j’implore le Pardon.

Devant moi s’étend un couple ivoire et miel. Ils sont trois à présent.
Leur éclat déchire le désert.
Devant eux, La Nature s’est toute écarquillée.
(DIEU remet le pyjama)

Explosée la Joie envahit l’univers.
La secousse du rire a effrayé les Cris. Les ténèbres elles-mêmes ont pissé dans leur froc.

Au-dessus des regards, nos pensées sont muettes.
(Répit des néons,mise à mort du tambour)

Suspension
entre deux systoles.

Puis la Paix qui s’éventre, les obus de retour. Ouf je ricane encore (j’eus peur un bref instant): la mère éclaboussée hurle une rage absurde. Le mari (je suppose) revêt un képi vert. L’enfant lui est plus rusé: préfère au cimetière gyrophare et sirènes.
La mère hurle toujours. Heureusement la cellule psychiatrique fait ce jour “portes ouvertes”. Des gens en blanc la violent à tour de rôle.

Je ricane sous terre, bien contente. Elle ne secouera plus.

Charlotte

Cette nuit mon amie Charlotte me caresse la cuisse. J’ai peur de ses grands yeux noirs et ses cheveux roux de sorcière. Elle, doucement me sourit et m’enfonce l’index dans le pli de la peau. Mes dents s’en découvrent de joie. J’ignorais le lieu alors en ce point de mon corps. Barbare j’en viens à la conscience du gouffre qui me sépare de moi.
Si lentement exploré (une nuit de douceur)
le doigt Judas
explose le verrou:
S’éclate un rire affreux!
M’inonde un flot de glaise
Révulsées mes entrailles s’écartent: le regard fier, Charlotte me prend le poul
-M’asphyxient au passage des chauves-souris de fer-
Le clitoris se tend: “la mère se tenait là”
La porte s’ouvre: le portail était blindé
Épaisse ma mère se tenait là pointant son doigt qui écumait de rage: Que fais-tu sale gosse dans ces draps de famille? Tu laveras l’odeur qui empeste ta chambre (dentelle décorée, en broderies couverte)
La mère se tenait là j’ai tout foutu en l’air l’agencement délicat qu’elle se tuait à faire- j’ai pissé sur ses fleurs. J’ai taché tout le linge. Charlotte m’a souri. N’est plus jamais venue.

Vu que si l'on y pense

Vu que
à bien considérer les choses,
Et le cul sur ma chaise
Si on récapitule:
y a plus de saison,
Dieu est mort
Les extras terrestres n’existent pas
L’horoscope c’est de la foutaise
L’homéopathie c’est un placebo
Les politiques sont tous pourris
Les vaches sont folles, les rats sont gras, les salmonelles,
Les ogm les pesticides les tchernobyl
Les explosions les obèses les sans logis, les pique-assiettes...
Vu que l’eau se raréfie, que les espèces disparaissent, les guerres mondiales,
Sans oublier les crève-la-faim, les suicidés, les diabétiques,
Et j’en oublie....
Vu que voilà,
Bon et bien, si on récapitule et à bien considérer les choses, bientôt à ce rythme là, y va bientôt rester plus que moi!

ANATOMIE D’UNE FILLE COMME LES AUTRES.

ANATOMIE D’UNE FILLE COMME LES AUTRES.
ou “de l’éloge de la toute-transparence”

- Salut. Moi je n’ai rien à cacher.
Ça c’est mon nez.
Ça c’est ma joue. Ça c’est mon bide. Ça c’est ma cuisse droite, ça c’est mon sein gauche et voici mon sein droit. Ça c’est mon oreille interne et ça c’est mon trou de balle. Ça c’est ma glotte, là mon oesophage, mon canal utérin, ma veine cave, ma veine lymphatique, un autre canal (biliaire), un petit appendice une glande égarée qui est toute bénigne, une bulle hémorragique qui n’est pas plus méchante, un viscère atrophié, un côlon impeccable, quelques côtes flottantes, là ma trompe de Fallope, et là le cul de sac de Douglas. Je passe sur le coccyx, le rectum, le sacrum, péritoine et pavillon de la trompe qui n’intéressent personne, et vais direct aux muscles trochiques (car ils valent le détour, vous l’ allez constater): tout d’abord mon pectoral puissant je dirais “homérique” (quand je le sollicite dans des efforts de guerre on dirait Héraclès monté sur un Cyclope), et voici le petit qui m’abaisse l’épaule et puis le grand dentelé qui me fait respirer. Le grand droit le voilà,le petit est ici bien oblique (admirez le coupé aux allures dionysiaques) enfin le tranverse de l’abdomen qui m’amène aux viscères....et là y a d’la matière écarquillez vos billes :duodénum, jujénum, iléon pour l’intestin grêle sont d’un état parfait, le foie la rate et les colons divers (ascendant, descendant, transverse et sigmoidal) un modèle d’harmonie.
Moi je suis une fille simple, je n'ai rien à cacher.
Moi, j'aime la transparence.
Vous pouvez me scanner et me faire confiance.

Poussières

Lancée dans le vide, la joie s’est écrasée. Un fantôme nostalgique , après trois jours et demi, s’échappa du cadavre. Il lorgna la dépouille, et baissa le sourcil: elle était si contente de vivre l’abrutie. Bon et bien c’est fini, encore une de foutue. Il soupira encore en guise de larme sèche (depuis le temps qu’il sortait des joies mortes, son taux d’eau avait chu, depuis l’ taux d’eau était feu, toutes larmes enfuies). Enfin bref, après quoi il erra, de-ci, de-là, il jetait des trombones pour faire des ricochets, il prenait une fronde pour tirer les pigeons, il priait un petit peu pour se donner conscience. Il chipait quelques chips à des marmots obèses. Il tapait dans une balle, récitait du Carême (une vague histoire d’oiseau), et, morne et monotone, faisait l’tour du pâté. Et là au coin d’la rue, encore une qui s’écrase... Agonisante encore, il s’y mit en râlant, mais tout plein de tristesse pour cette joie sans figure. Dur métier que fantôme, mais c’est un moindre mal.

Méchante.

RAPPORT D’ONDINE
La lumière
Chaque matin
Méchamment
Traverse la lucarne.
Me troue d’une vile substance : se faire le café et mettre ses baskets.
Croisement des demeures : tu me dis « à ce soir » serai-je là ce soir ?
La lumière est méchante : a troué mon plafond, m’a percé les cloisons ! Je suis là comme une ombre
Attends l’arrêt du jour.
Je sors me faire voir :me voit-on dans la rue ? me voit-on si je sors ?
Je sors et dis bonjour.
Dis bonjour aux passants qui passent .
Dis bonjour à la dame dis bonjour à l’enfant.
S’égare mon sourire (l’enfant fait la colère : elle ne m’appartient pas) :je regarde la mère.
Tristement les amants roulent leurs langues.
Les bonjours m’assassinent. Je rentre calcinée.
Rapport de Provence : canadairs sans pilote.
La lumière est éteinte.
Je ne suis plus là ce soir.

le long du doux canal

La vie me joue des tours: elle m’envoie des éclairs
Que je sais attrapper
Tenez l’autre jour je passai le long du doux canal, et des hiboux sauvages
M’attaquèrent de mépris. Ils voulaient mon cartable où j’avais mes BN!
Pas trop malins, ils hululèrent. Et moi de même: je ululais. Nous ululions nous hululions....tant et si bien qu’ils affamèrent les poissons-chats, qui sans mot dire bouffèrent les Ducs.

Mais souvent ce sont des yeux qui me font signe!
Oui des yeux qui m’enveloppent pour que j’y plonge: hop! Pleine d’une indicible Joie, je saute et ris comme dans la lune! Car ces yeux-là, c’est du coton rebondissant, un tapis de plumes tout aquatique: je rigole tant et tant à faire des bulles que des poèmes en naissent et aussitôt éclatent (sans consistance, trop légers pour prétendre durer/) l’instant d’après tout oublié! Mais quelle joyeuse mine a soudain mon visage quand je rencontre ces yeux si rares! O comme la Vie devient précieuse et bagatelle....Un menuet rythme le coeur, et c’est Brassens qui bat les mots! Les frères Jacques eux m’envoient les hameçons, et j’attrappe les tours et je joue à la vie; je suis simple et ne veux pas de règles trop complexes.

Ô mon Désir, retiens ton souffle,
Ô mon désir, ne coule pas!
(des larmes bercent et mes joues pleurent)
ô mon Désir reprends tes ailes
et en l’instant
ne faillis pas!

Ô mon Désir qui me dérobes,
Crois-tu qu’à toi je puisse me pendre
(et désirante me fier)
Puis-je à ton feu couler mon corps? M’autorises-tu
À me brûler?


M’autorises-tu le caramel de ce sang bleu?
Ai- je le droit de calciner les ailes que tu m’as offertes
Sans qu’on m’enferme dans une geôle?
Ô je ne veux plus qu’on m’asphyxie!


Je ne veux plus ne plus te croire.


Grise.

On m’a dit “de ne pas croire les hirondelles de ne pas croire les beaux sourires

Grise.

Ô mon Desir ne me laisse plus
Sans ton épaule et ton regard en qui me perdre!
Ô mon Désir, je te supplie
De ne plus et à jamais
M’abandonner
Me laisser là
Et nue
sans plus qui croire
Au seuil de tous ces nuages qui s’écartèlent, des hommes à barbe ricanent très fort. Ils me tendent des clefs qui garantissent une bonne retraite. Ils me tendent leur écharde afin que je la suce. Moi , bécasse, je lèche comme ils disent, mais croquant aussi bien, les voilà qui menacent d’appeler leurs grands frères: “petite vermicelle, tu seras bonne à rien, va chouiner dans la Seine, des poissons sanguinaires te prendront sous leurs ouïes, peut-être alors que là tu deviendras sirène. Ici on ne reçoit aucune cervelle à fleurs. Des mensurations strictes sont exigées à l’entrée. Sans dérogation ni commerce durable. Hiérarchie bien ordonnée commence par nous-mêmes. Et tu n’es pas des nôtres. Retourne d’où tu viens. Ne frappe pas aux forts si des faibles tu es. Le paradis est grand pour les grandes fortunes. Et pour les grandes dents et les grosses couronnes. Retourne chez les poissons, tu seras leur sirène."
Puante je décolle de leur embarcadère, et vole tout le jour, et toutes les nuits qui suivent.
Quand une étoile m’ouvre grand sa Tour, je m’accroche à l’ivoire, je m’explose de rire et j’atterris hilare.
Sans scrupule, je crache des violettes. Quelques baobabs aussi.
Après moult soupirs et
D’un commun accord, l’étoile et moi devînment un firmament.
Au connards de jouvence qui ne croient qu’au bitume.....

Un Mausolée béant me regarde sournois: sa gueule est grande ouverte. J’y jette un gros chewing gum aux arômes électriques: la fraise assassinée semble calmer la luette. Il me dit:”viens lyncher les glauques somnambules qui me donnent la migraine. Les bourses qu’ils n’ont pas quittées perturbent mon cerveau: trop lourd de particules, la nausée elle-même a une fièvre jaune.”
Son haleine endeuillée se met alors à pleuvoir sur moi! Et glacée je m’étouffe ! Je tombe sous une grappe délètère ! Je tombe! Je tombe!
Une fois chue dans la tombe,
Mille étoiles m’éblouissent.


Ô mon Désir, reprends ton souffle
Et fais de moi
Ce que ce soir nue et sans voile
Tu me laisses croire.

Nue, fulminée

SONGE DE NUITS D’ÉTÉ

Le père, écumé.
La mère, écumée.
Le frère, écumé.
Les parents, beaux-parents, grands -parents, les cousins (germains et troglodytes), les oncles d’amérique, écumés, écumés, écumés!

La nuit, j’écume la famille.
Au matin, la famille s'étale perforée.

Un à un, enterré, calciné, lapidé, asphyxié, gazé, incinéré, momifié, digéré, peu importe.
Au matin, la famille, membre après membre, amputée.

/S’étiole une chanson qui parle à Marguerite/

La Douleur, au matin, n’est pas une triste chose.

Compte rendu "à peu près":
-Ma mère que j’assassine (après qu’elle m’a tuée): aucun sang sur le mur; je suis propre sur moi.
-Mon père que je viole à perdre la raison ( labours et davantage - il vient de la campagne - le délice du jouir toujours recommencé- mon père donc, s’éteint par trop de feu.
La belle-mère, c’est du vice mais avec quelle méthode (semble d’ailleurs honorée de tant d’application): l’art du scalp d’abord, puis un peu de rabot, la décape au passage (il faut dire: je bricole volontiers); ensuite je suce les narines, aspire le petit lait de sa chatte aplatie, l’aiguillonne en secret (et devant et derrière/ sait-elle seulement d’où vient mon instrument?), j’asphyxie tous ses charmes, j’empalle ses viscères (coloscopie étroite dont j’ai le secret), lui enlève un regard en lui gobant un OEIL - Variation sur le thème: je lui brouterai l’autre) . Je les vomis sur elle. Elle expire un “pardon”- je sanibroie direct- Expire d’ignorance. Rauque est l’orage, elle ne se doute pas (ne connaît que l’aigü de l’hystérique zèle)...
Je ne me soulage pas sur ces restes immondes. Un pet suffira bien pour leur donner un air. Au fin fond de la bouche, un pet droit qui résonne. Et je la laisse là.
Mon frère, lui, logique: en duel, d’un coup d’épée au ventre.
Les enfants dudit frère, c’est là un grand tabou et je n’y touche pas. Il crèveront tout séchés hurlant aux parents morts.

/Un soleil rose, lentement déambule/

L’ignoble dans le rêve est d’en revenir content
et sans un état de l’âme ni la conscience noire.
Je sourirai pareille.

Ce matin dans la glace, me brossant bien les dents, je vois une dent creuse.
Cela me contrarie.
Il me faut la soigner.



*****

Les hommes de la Défense.

Les hommes de la Défense ont putain de la classe!
Je connais pas la marque de leur costume/cravate mais putain ça en jette!
Ils lisent “La Tribune”en tripotant leur bourse (Cac 40 en émoi mais toujours le sang froid),
Remettent leur binocle dans une poche invisible, et bronzés comme le fauve, pensent à leur fille Marie.
Le Rer lui-même ne les froissera pas: impeccable retombe le pantalon platine.
Ah putain ils en ont, les hommes de la Défense: un style et une superbe! Moi j’leur tire mon chapeau .....ils y jettent un billet le regard bleu profond....
Moi je m’y logerais bien dans leur Bourse aspirante! Elle a l’air si royal quand ses indices montent! Quand elle est en fanfare, ils ont l’air si contents! Je leur remonterais bien si elle s’écroulait trop, si elle venait à fondre...et pour les satisfaire, je m’en satisferais! Et elle satisfaite, on serait tous contents!!!
Mais ci-gît un billet qui remet mes pendules. La casquette est repue et mes mains dans les poches, je repars vers Nation. Là-bas les hommes barbares regardent le trottoir, et moi je m’y sens belle. Le billet donné s’est déjà calciné. En haut de la Défense, un Père s’est fait descendre.

Crustacés et compagnie.

Crustacés et cie

Le fait est qu’il m’aimait bien le saligaud. Et moi pareil.
Quoique...
Quoique quoique nos ébats fussent tout à fait convenables et même (on peut le dire) honorables et même lestes,
J’éprouvais toujours une gêne au moment fatidique....un pincement bizarre et incongru.....les premières fois, je ne crus pas bon de m’apesantir trop dans la posture et abrégeai nos élans....un peu inquiète, je coupais court pensant que l’anomalie m’incombait (lui de son côté semblait tout à fait à l’aise et rechignait à réfréner son diable, mais /Diable,! /une nuit (alors que mes analyses n’avaient montré aucune imperfection de quelque côté qu’on prît la chose (dedans dehors à droite à gauche en haut en bas en biais petites et grandes frottis-frotta etcaetera....) et donc tout à fait rassérénée de mon côté à moi, aussi pétant la forme et toute en joie....), une nuit donc: ouille... ouahouillouou....je sentis bien une PINCE!
Alors là mon coco, ça va bien 5 minutes! Je t’y prends saligaud, montre-moi la mandibule que je vois ce qui grince!
Et lui la tête basse et les yeux de mangouste, il me montra son gland.
Ô quelle ne fut pas mon émoi /que dis-je :mon titanic! (je crus sombrer dans l’fond du Pacifique en plein dans le corail, mon coeur sur les oursins!!!)/
Et tombant dessous la Terre, béate tellement mon corps béait devant son imposture.....sonnée donc et interdite, je trouvais seulement un mot dans ma cervelle: “dégage!”
Il repartit en crabe, entre les pattes la pince dégoulinait.
Cependant, j’y songeais...il s’appelait Omar.

Enfants coriaces

Enfants coriaces.
les enfants coriaces,
promenés en poussette,
nourris de babybels,
font sourire les connards
les passants tout-sourire
Ces connards de passants
sourient à la marmaille
comme on lance du pain dur
sur le lac d’Annecy
sourient et font grimace
(les enfants sont si blonds,
les enfants sans malice)
donnent des clins d’yeux (n’ont pas de cacahuètes)
font oui-oui de la tête
l’enfant lui crie “connard!”
dans son langage à lui ,
dans son langage inouï
lui crie un “vas te faire foutre”.
La mère sourit aussi
au passant souriant
et donne un babybel
à l’enfant en poussette/
L’enfant sourit risette
le babybel content
Le passant fait risette
à l’enfant tout content
et le père tout fier
sourit à la maman.
Le monde entier sourit
à l’enfant qui content
bouffe son babybel
il pense à la misère aux guerres et aux sinistres
Aux arbres ravagés
il pense au sdf
à qui tous les passants
font la gueule en passant,
devant qui son fier père
baissa son haut nombril
et la mère comme une chienne
cacha ses babybels.

Pense au trou d’la Sécu
à la dette Africaine.
L’enfant pleure en pensant
Qu’il sera délinquant.
L’enfant pleure sur le monde
Qui lui fait des risettes
Lui donne des babybels
Et sourires de barbares!

L’enfant gueule à présent!
L’enfant gueule son mépris!
Le monde un peu gêné
le monde ne comprend pas.
Et les passants regardent
ces larmes de l’enfant
ces larmes dégouttantes
qui coulent comme le sang!
De ces cris maintenant
Vomissent les corbeaux
Les murailles se déchirent
Mais ne voient rien qui cloche :
Pourquoi tant de fureur ?

De l’enfant désormais
jaillissent des trompettes
et la mort dans ces cris!
Mais le monde ravi
continue ses risettes
Continue son chemin
Des ouiouis de la tête.

Rock.

Je t'aime comme on hurle le loup sous les coups de minuit,
je t'aime comme on égorge le cochon dans les fermes de Haute-Marne,
je t'aime comme le champ labouré par des tracteurs diesel
je t'aime à crever les poubelles qui jonchent les forêts vierges
je t'aime à en faire péter les vitrines de la Samaritaine un soir de réveillon
je t'aime à brûler toutes les fleurs de la saint Valentin

Je t’aime comme on abat les murs signalant la frontière
Comme on cloue les messies ,
Comme la dent arrachée par l’arracheur de dents

Je t’aime à prendre un menu xxl au macdo de Barbès

Je t’aime comme le poisson rouge ignore les océans

Je t’aime comme un accordéon fou.

Je t'aime comme une bulle hémorragique,
(qui coule et c'est très bien)

Je t'aime comme le regard organique d'une étoile trop filante.


Comme une australopithèque rencontrant le yéti ( par devant par derrière : ne sait plus comment faire !)

Je t'aime comme le Désert regarde la Montagne

Comme on mange en pleine nuit pour s’être trop privé

Je t'aime dans le spasme de la météorite
S'explosant sur la dalle/

Je t’aime à en écarteler la voûte qui se croit seule au monde parce qu’elle est céleste. (je lui enverrai mon ombre pour constiper sa joie ! et lui ferai bien voir où est le firmament....)/

Je t’aime

comme un balcon en pleurs
comme une rive à atteindre
comme un rire en éclat

Je t’aime
en horizon de Joie.

"je" c'est comme...

« Je »
C’est comme
Un cœur d’amoureuse
Et le cœur qui grandit

L'autre ciel

L’Amour
M’a écartée de moi me séparant de moi
Je me suis envolée
dans les bras d’inconnus
Qui m’ont rendue à moi.

Absolument!

Absolument l’amour
rend meilleur.

QUAND JE PENSE À SES YEUX

Tu
Me parles de douceur
Et je suis une violente
Tu
Me parles de caresses
Et je voudrais te mordre
Jusqu’à nous déchirer
Le sang de tous les hommes
Depuis Adam
dégoulinerait sur nos
deux bouches et les lèvres
n’auraient jamais fini
d’avoir soif
s’abreuveraient du rouge
ad aeternam

Tu me dis la douceur
Quand j’enrage de croire
Que nous portons le monde
J’enrage et me vends
au premier qui me cloue
aux pointes du Désir

C’est la colère unanimement libre
qui me monte à la gorge
Et me porte à la foi
De creuser dans la vie

Unanime colère libérée
de ses chaînes
Déchaînée de toute la douleur
qui ne périra pas

S’élance une joie cruelle défiant l’existence.
Parfois le miroir rejette une eau impure
Le visage s’efface
Apparaît une pupille dilatée par l’effroi.
La vie démaquillée laisse venir l’orage.

je parle à mon ami

"Je suis tu es (je parle à mon ami)
nous sommes poissons volants
du côté de la vie
foudroyés
à rendre la raison
aux éclairs qui nous tuent
sans même nous faire mourir"

chercher l'arc du ciel

Chercher l’arc du ciel.

L’idée des gens
c’est le blanc.

(pauvre cœur : terre écrasée)

L’idée c’est l’équilibre
La règle de trois
La médiatrice et le grand Parthénon

Les tremblements furieux
Gisent dans les abdomens.

Pauvre cœur tectonique
Epuisement :
cette fureur à demeurer

Ça cultive des plates-bandes
pour ne surtout pas
mourir

(un instant fou fracasse la pensée)

une ride a séché
c’est l’Idée du monde
Le feu craint la brûlure
Et la terre
se creuse
pour maintenir la braise
étouffée tant de fois

(il faut durer durer)

L’écho
De peur de briser l’ élan
S’arrête à la tribune.

La pensée élastique
N’ éclabousse qu’une ombre
Marche à l’économie
Afin d’expirer large
le Large
S’est fatigué :
S’est contenté de peu.

A ma mort je courrai
Et battrai des ailes

En attendant toujours,
Epargner les efforts
Se satisfaire de rien
Demeurer à l’étroit
Ne pas jouir de l’air libre
Dormir dormir
Reposer dans la paix

Heureusement la vie
N’est pas tranquille
sinon elle serait morte
le poète de son côté à elle
prend ses torrents et ses orages
et boit la tasse
et boit la tasse
faillira se noyer
de ses torrents de ses orages
faillira et
au moment de périr
rassurera les vagues
rouvrira son azur
rouvrira l’Océan et
le Ciel
débordé par le monde
notre Ciel à ordures
le bordel du grand Ciel
morveux mais de nouveau
Ouvert grâce à lui
le poète ivre d’orge
sur le point de faillir
nous donnera ses ailes.

Folle

Je cours nue dans ma chambre pour m’exciter un peu.
Je cours nue et rigole très fort pour réveiller ma voisine.
Je saute exprès fais de la gym tonic je m’excite comme je peux
Je voudrais un corps à lécher. Je suce un melon vert. Je m’asperge de l’eau sur le visage. J’ai chaud je sue je mâche mon oreiller dedans j’ai enfoui ma tête le tords le broie le ravage. Je hurle des mots cruels qui s’étouffent dans les plumes. Mes cheveux sont emmêlés. Je fais une crise de jalousie à celui qui un jour m’aimera. Je récite des vers de sorcière en attendant que le cachet fasse effet et me réveille le matin à nouveau dérisoire.

A nouveau je bêle
Bonjour
Et me fais un café il n’y rien d’autre à faire

Bof

BOF ( Caprice adolescent)

Colère d’être là
Blanche et blonde (avec B majuscules)
Au milieu d’oasis
Quand ailleurs c’est le sable
Lance-roquettes et l’exil.

Colère du funambule qui n’a plus que son fil
Pour avancer vers là
Où il y a le chemin

Colère de l’amoureuse
À vouloir que les nuits triomphent de plaisir

J’égorgerai les étoiles
Pour que des fleurs naissent dans les yeux
De l’enfant
Que je n’ai pas été


Ce besoin de crier pour crever les aurores
qui en pourra recevoir le tourment
sans mourir de mépris
et parler d’hystérie ?

ce putain de besoin de frapper tous les murs
et le sol
pour n’entendre aucun bruit
en guise de réponse qui me consolerait
quand c’est inconsolable
ce putain de besoin de s’écorcher à vif
plutôt que de s’entendre bercer par des mots
sourds

Vanité des morales
Le monde est moribond
Les âmes écarlates demandent asile aux fous.
La langue s’échappe,
L’esprit titube. Crésus tend
Une seringue morveuse
Au pouvoir de cyanure.

Misère misérable aggravée
par le manque.

On appelle Esculape.
Un vieux coq chante trois fois.
Un vieux coq chante trois fois.
Un vieux coq chante trois fois.

Le gyrophare arrive.
Des femmes en croix, des hommes blancs
Des sentinelles, des miradors,
Des harponneurs
Des baleiniers
Des lance-missiles, des mausers des snipers des gunships des Junkers Ju des soukhoï des chatelleraut opèrent. .

Haine calviniste de ces brouettes à couilles:
“floutez lui ses neurones
calfeutrez son destin à coups d’anti-douleurs”

Je marche somnambule dans des postes-frontières où l’on nomme
“malade” celui qui crie d’amour
et dit les mots des pauvres gens “ne rentre pas trop tard surtout ne prends pas froid”

Colère à rendre grâce aux chats de baiser bruyamment
Les nuits de pleine lune


J’enrage de vivre: je baiserai les palmiers
Et les saules gémissants
Cesseront de pleurer
Je soudoierai les rivages pour qu’ils accueillent les lames
De tous les océans
Rage au cœur : je porte des orfraies ébahis dans le ventre

La famine creuse les reins de la civilisation

les slogans isothermes parfument la rumeur

Les vigiles de nos supermarchés sont beaux et noirs et musclés.
Les vigiles noirs de nos supermarchés aiment leur costume noir.
Je bouffe un HAMBURGER dans une boutique Dior.
Je bouffe un carambar et bave sur mon Diesel.

Je monte les escalators du métro Château-rouge comme si j’étais à Cannes.

Je lève les yeux
Sur la bouche
Ouverte sur le monde.
Montée des marches sans espoir.
Une synagogue à gauche un mausolée à droite, devant : la banque de France.
Je choisis ma patrie, je danse sur le champ .
Dans les grands blé de juin, les coquelicots morts.



Par pitié, remonte tes manches quand tu te laves les mains
Par pitié regarde ce que tu fais
Par pitié fais donc plus attention
Par pitié range ta chambre et nettoie la baignoire
Par pitié classe tes papiers lave-toi les mains
Par pitié

J'aime.

Cependant tu me manques
et tu ne dis plus rien
J'aime ton silence quand je ne trouve pas les mots
j'aime t'entendre me regarder sourire
j'aime voir que tu m'embrasseras un jour
j'aime l'odeur des promenades où l'on défie l'aurore

je te donne la main et tu ne le sais pas
tu me donnes ta main et c'est moi qui le sais

(ah je ris de la folie qui me tourne la tête
et j'ignore qui en entend l'éclat
ah !ah! je ris de cette fureur qui m'enroule à la vie
et me fait dire aux amis
que je les aime au-delà de nos corps
(bien sûr ils vieilliront et rien ne se prédit, mais

dans l'instant éternel qui me lie à la Terre
mon Amour est volcan
et sa lave nous calcine)

Lune.

Lune,
S’il te plaît ,
Peux-tu me rendre louve
Et les yeux calcinés
Tout sera bien meilleur ?

Ô Lune,
Peux-tu sonner le glas
De notre immensité ?

Lune, ô ma Lune
Ne suis-je qu’en quartiers ?

RÉVOLUTION (suite)

Ruer dans les brancards. S’accrocher à la nuit. Ne pas, comme la pluie bleue, dégringoler mais s’envenimer
Des fureurs qui nous calcineraient
Si on s’y laissait prendre.

Revenir comme des morts qui sauraient ce qu’ils perdent
S’en remettre au premier de nos sens
La joie de crever les abcès
Ne mourir que de joie
Et faire la nique à ce qu’on sait déjà
Avancer plutôt que de pleurer
Sur ce qu’on deviendra
Faucher les échéances
Marcher marcher en frayant de nouvelles sentinelles
Mâcher des insectes étranges
Détester les péages auxquels on veut nous faire croire :
L’amour sous des palmiers et la mer dessalée.

-Un gland est tombé du vieux chêne-

Et parler une langue fantastique
Sans commune mesure
Que les rats chanteront.

Personne ne m’avait dit qu’être heureux ne portait pas malheur.
Personne ne m’avait dit que je ne risquais rien à demeurer vivante
Qu’il ne servait à rien de faire la morte plutôt que devenir
Personne ne m’avait dit qu’il n’y avait aucun mal à demeurer vivante
Vivante et que la Joie pouvait faire pleurer
Aussi bien que la peine
Mais qu’elle était meilleure parce que toute claire
Et fervente à donner
Cependant que la peine était lourde à créer
Trop pesante à l’esprit

Personne ne m’avait dit que la joie pouvait être sérieuse et pleine
De violence - la vie est violence -
Que la joie n’était pas l’oubli de la Tristesse et ni sa suspension
Mais qu’elle la surmontait
Qu’en cela était vie et non plus moribonde
Qu’en cela j’avais bien
de la raison à vivre
au moins une et laquelle !
En raison de la joie
Et même Déraison
Que j’ en avais le droit sans nulle autre raison

Personne ne m’avait dit qu’insensée
je serais digne d’exister

Et que vivre n’était pas que du mal.
.

si tu m'entends.

Que me laisses-tu voir et que je ne sais pas?
Que me fais-tu sentir que je n'ose pas croire?

vive le vent quand j'étouffe un sanglot
et ne vais nulle part
vive vive je le sens je le suis
et tu me dis courage
pour que la flamme vive.

RÉVOLUTION

Vivement
la libération sanguine
de nos pensées enfouies !
Vivement la guerre écarlate
Des désirs innommables cachés sous les drapeaux

Vivement la fin des couleurs bien rangées
Des quartiers en rayons
Des parallèles acquises.

Que l’on brouille nos regards de neiges infinies
Et que des coups furieux sonnent
Des tocsins joyeux

Le curé a mis l’uniforme des faibles
Et mendié l’amour du prochain.
Le premier prochain s’avance : -il l’embrasse doucement
Le curé sourit et jette un hameçon.
Le deuxième prochain s’approche : il l’encule tendrement
Le curé rougit et commence à fumer
Le troisième prochain arrive et passe, indifférent.
Le curé pleure et s’empale aux rosiers.

Vivement que les vaches multicolores
Entonnent l’air des poissons et volent loin
loin de nos rumeurs .

"Je t’aime d’amour mon amour" ai-je dit à mon frère en tendant ma joue gauche.
Il a ri aux éclats
Depuis je l’ai fait. Et c’est un ouragan .

Yalla

C’est un cri de guerre qu’il faut lancer au monde
Je prends les armes et regarde le planisphère
Je prends mon chapeau et prends la ligne 9
Je prends mon corps et les yeux grand ouverts
J’irai là où les hommes sont debout et l’âme dilatée
J’irai là où la Terre tremble encore
et les cœurs amoureux.

Je marche vers là

Je marche vers là où j'aimerai.