WARNING/ AUTOFICTION
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30 janv. 2011

Abcès

La dent fissurée a commencé à envahir Versailles. Je savais qu'il fallait voir ce film TTT, et j'en étais malade. çA tremblait de partout, je devais atterrir sur le Champ de Mars faute de quoi on allait perdre la guerre. Dans la scène, il n'y avait aucun mort. Les costumes étaient ceux du siècle, or je devais me cacher. Mon frère avait mis beaucoup d'espoir dans la réussite de l'entreprise. Et je n'y arrivais pas. Je ne comprenais rien à l'Histoire. Il paraît que De Gaulle représentait la métaphore de la gloire du Pays. Du hublot sali, je ne distinguai que des îlots en forme de chocapic, Zébulon, et des planètes Macdonald apparaissaient en clignotant. C'était elles les ennemis à abattre. J'avais le mal de l'air. La nausée rendait le voyage décidément très pénible. Mais devant mes parents réunis, il ne fallait surtout pas le laisser entendre.
Ensuite le point de vue partait depuis le sol. La caméra avait dû changer d'épaule. On avait probablement atterri pendant l'ellipse, et me retrouvai à terre avec l'angoisse que quelque chose s'écrase. Dans la critique de Bernard Murat, il était question d'une scène culte qui décrivait un défilé militaire scénarisé à la perfection. Un vague souvenir de la révolution. J'y mettais des sans-culottes, avec des bonnets phrygiens,mais trouvais ça vraiment forcé. Les petits-neveux arrivaient en souriant. J'étais aux toilettes publiques, et ne pouvais pas répondre à leurs baisers. Mon frère commençait à s'impatienter. L'avion battait de l' aile et zizaguait de plus en plus. Comme j'étais en bas, je ne comprenais plus si j'étais dans le bastringue fumant. Un truc clochait dans l'unité d'action. Sofia Coppola,elle, aurait réussi cette séquence. Elle méritait son nom. Je crois que c'était michel Bouquet qui tenait le rôle du Général. Il aurait le César, c'était certain. Ma belle-soeur embrassait mon père sur les lèvres. Il l'aimait comme sa fille. Enfermée dans les toilettes, je ne pouvais rien faire. J'étais perdue dans Lyon. Il fallait revenir.

Nouvelle haine de soi.

Il y avait jadis des causes un peu lointaines
qui avaient l'heur de nous mettre à genoux
sans avoir à ouvrir la bouche. Cela avait pour nom
Prière
on s'adressait à LUI,
l'Etre émissaire, beau et grand,
et encore autre chose, pour faire la Trinité.
Il n'y a pas un siècle, on pouvait s'en défendre, aller dans sa maison, et pleurer tout son corps
en croyant à "JE CROIS".
Nous sommes un peu défaits de cet état des choses. Il y a eu la nuit et le brouillard,
et puis nous sommes là avec quelques datas et nous mourons de faim/
Certains de nous arrivent
encore à faire: la famille le boulot à aimer
sincèrement
une structure humaine. Je suis là dans le flux. Les immeubles se dressent. Au milieu de ma vie,
je suis comme une absence. Le soir devient la nuit. Je m'assomme d'angoisses; j'ai envie de m'éteindre.

Le téléphone sonne. L'OL n'a pas gagné. Je vide quelques bières (cela n'est pas très
femme). Je prends deux somnifères. Il faudrait faire du sport. Il faudrait aller au club-qui-m'intéresse.
Et rencontrer du monde. A quoi sert le monde? Il est bien trop nombreux. J'ai envie
de rosée, la caresse d'une ombre. Où est donc mon Père mon Fils et mon Esprit?
Au ciel je ne crois plus. Je vole pour autre chose. Ne te reconnais plus.

29 janv. 2011

Nous avons une dette;

Qu'elle t'arrive par huissier, recommandée,
ou en simple
envoi,
je vais ainsi me dénuder complètement
m'agenouiller doucement
et mes mains en prière s'ouvriront
ma bouche large également
doucement s'écartera
et
je réparerai
la faute primordiale
jusqu'à mourir étouffée
de paroles odieuses.

La dette sucée jusqu'à la lie
je te hais pauvre con qui n'as que la raison
et ignore ignore le nuage
le merveilleux Nuage...

Et si soudain,

je perdais tous les sens?
je devenais indigne et désarticulée?
je ne savais plus ce qui marche? Ce qu'il est possible ou impossible?
Et si soudain je me perdais en toi,
que m'arriverait-il?
Une peur invincible
s'est emparée de moi.

28 janv. 2011

Oedipie.

mon corps accompagne l'autre
sans conscience de lui
d'une apparence infirme, vieillie par l'existence
qui n'aurait pas dû être celle qu'il a traversée
mon corps dégoûté non de l'infirmité
elle-même mais de ce qu'elle engendre
-forcément-
la dépendance aveugle à l'AUTRE
à tout ce qui le maintient dans un semblant de structure
et le rend - forcément-
anormalement moins existant,
davantage réel.

A côté, je dirais, de la plaque du monde
qui n'est pas ce qu'il croit cependant qu'il le pense. (tectonique du monstre)
A côté. Sans finesse. Brut.
La pitié foudroyante de l'homme mutilé
n'est pas la cause mais une conséquence coupable
de ce que je déteste en lui
ce qu'il est, fait et pense.
Ce qu'il croit être.

Pitié et dégoût, je suis criminelle de désirer sa mort.
Je vais prendre une épine et enfoncer l'orbite
de ce qui me rendait claire, jusqu'à finir
peste et choléra
aux alentours de Thèbes.
Une fois que j'aurai réussi à atteindre un degré supérieur
de conscience-
je pleurerai vraiment
mais serai moins coupable.
Visiblement meurtrie.

23 janv. 2011

Baise.

Un flot de certitude
sans avenir
à l'éternel présent;
cette caresse sans retour donnée
je ne veux pas ces vulgaires bouquets qu'on ne fait qu'une fois
dans la vie
je ne veux pas accrocher au bras de mon père
le sourire béat d'une fille casée. Fidèlement je ne rentre pas à l'église et l'hostie je la cache. Puisque cela n'est pas possible.
J'ai une île possible, un homme perdu dans le temps, un chien un peu athmatique. Ce corps est
un corps révolu. On a crevé un oeil.
on est passé sans hâte au pied de la falaise
à Etretat. L'amour est raisonnable.

As-tu gagné ton dû? As-tu rempli ton sac?

Les hommes ne vivent plus.

18 janv. 2011

Passant le petit

chien qui passe pisse
se promène en pissant
partout où il passe il veut
faire son territoire et donc pisse malgré
la laisse qui tiraille son petit cou
malgré ce cou étranglé lève sa petite patte
arrière droite et fait son jet raide et droit
petit jet- trois pas d'homme- petit jet-
trois pas d'homme, une voix crie ("Avance!")- petit jet- pas d'homme, la voix-pisse visée jaillit-
c'est la promenade artificielle de
tous les matins avant celle du soir
trois pas d'hommes je pisse, "Allez avance-"- trois pas d'hommes, vision panoramique
d'un lampadaire connu, je tire sur la laisse- l'homme m'y emmène- je tire- atteins-le petit jet jaillit
Je regarde mon Homme qui continue "C'est bien!'' trois pas d'Homme- et ça n'en finira plus-
rien ne lui échappe devenant vieux c'est pire
car tout est devenu lent et donc c'est bien pratique
la patte même n'a plus besoin de faire signe
le vieux chien dès qu'il sort commence à goutter
comme ton robinet fuit et fait cloc
cloc ton petit chien est vieux. Mais ça lui rend la vie
un peu plus signifiante
s'il pisse encore
et toujours malgré tout.

17 janv. 2011

La loi.

Doucement roseau plié
arraché le chêne ne tient plus tête
le torrent s'est enfui
les hommes ont fait barrage
échappèrent en catastrophe
au pire imaginé
Heureusement les dégâts matériels
n'ont pas de conséquences
un arbre est matériel
un petit chien sur le tronc est tombé
il pisse dans la tombe.

Il a dit "LES GEANTS"
affichés sur une colonne Morris
et ça apparaît aux côtés d'Arthur
le fils de Gérard lequel était bronzé
avec chazel balasko blanc et puis clavier
Dans les mots des GÉANTS on ne parle jamais
de marie-anne josiane michel et puis christian
ils ne sont pas assez poétiques pour s'écrire dans l'espace
blanc et les silences cependant c'est là le paradoxe
ils apparaissent en gros et côte à côte
écrits
sur la colonne MORRIS
laquelle ne trie pas le géant du Nain
Arthur (Jugnot ou
un certain Rimbaud) Alors quoi que tu affiches
GÉANTS (LES/
L'article a l'importance d'une ségrégation-
LES Géants et le petit chien
passant pisse encore
sur la colonne il s'en fout)

16 janv. 2011

Vigile!

A la mode, un métier formidable
consistant à surveiller
veiller au très bel ordre
de ces rayons rangés. Police de supermarché
ou d'école en carnage;
surveiller le cadran
la fonction linéaire
de têtes blondes parlant
trop haut trop bas riant
quand ce n'est pas le temps
Vigile de surfaces planes
avec du nutella
interdit à la santé.

Crise de vigilance: remplir le sac et passer outre
la black avec talkie-walkies
je prévois l'abstinence et vide les conseils
de douce tempérance. Crève! Crève à ce devoir
et saoûle mon âme avec des mots pénibles.
(Sors d'hervé Bazin lessivée- ) Vigile
à la morsure. J'aboie sans remarquer
qu'une rage s'enfonce au plus profond du corps. J'aboie (le chien noir qui s'appelait Ruddy était méchant et sale. La boue sèche avait tressé ses poils en dreadlocks. Il est mort personne ne me l'a dit il a disparu comme ça)

On pourra essayer de caresser l'ennui
dans un sens ordinaire
l'âge con ne sera jamais mort
même si tu vends ta mèche.

La veillesse ennemie sort des griffes moroses.
Vieil aveugle,
Tirésias a souffert. Tu n'es pas de son monde.

Le bord du rire.

Limite,
tu peux le dire
gravement sans entendre
l'autre qui
toujours est en faillite.
cette frontière (un peu celle entre
oral et anal
l'éros et le porno
la viande et puis la merde)
t'appartient. Une forme en somme
d'être à l'acte ou non.
Si tu sais à quelle niveau de réalité tu appartiens
ou pas.
La vie et son manichéisme. Finalement rien n'est quantique. Il y a le dix
qui indique
encore si tu es positif
ou absolument en-dessous du niveau.
Je croise les doigts et passe sous une échelle/
C'est l'autre qui me croit folle.
Je remarque uniquement
que les carreaux sont sales. Il me faut les laver
ou mes dents en premier?

12 janv. 2011

Lune au passage.

FACULTÉ.
Le Poète marche sur son ombre
et croit qu'un monde
s'écroule.

- Tu as butté l'origine (fait remarquer Yavé)

Le Poète écrase une prairie.

Le Poète ne comprend pas qu'Eve ne cesse de hurler
(douleur)
sous les coups
du Serpent.

Exonérée, s'il te plaît, Poète,
rends-moi un peu d'Idée.
Adam m'a demandé de m'agenouiller. Il était le premier
à me regarder sauvage,

et j'ai cru au Désir.

Il m'a dit rejoins-moi chambre
11, elle est au bout
là-bas

je fais ce qu'il a dit.
Toujours je fais ce qu'on me dit.

La lune ressemblait à Shakespeare. La musique était forte.

Victoire!
Le Poète brouille certaines images.
Il n'y a pas qu'une histoire.
Ma mère m'a adorée.
L'ombre change sa forme.
Tant de temps a passé?

Tant de Temps? je suis longue et vieillie.

Cependant qu'un à un les mots
sonnent
je hais cette distance que l'on met à traîner
des traînes vers l'autel.

Je divorce de tout.
Je froisse le bouquet. Je fais pipi dessus. Et je prends un pistolet magique
qui sépare la semaine du Weekend
UN SUR DEUX

Poète, cause toujours,
jamais tu ne remplaces
le mariage heureux
avec beaucoup d'enfants.

9 janv. 2011

La vitalité de l'écrit

devenu accessoire
dans une époque sans commune mesure
résolue à l'Image
reprend pourtant sa force
là où ça ne s'attend pas.

L'aveugle s'assoit sur celle qui le tient;
Le médecin entend ce qu'il sait du symptôme
le professeur récite une grammaire immobile
le balayeur balaye.

La vitalité s'exerce et l'écriture persiste
dans la présence de toi.

C'est un bonheur.
La mort, c'est d'y croire et d'y demeurer. Ton corps n'est pas le même quand tu m'as regardée.

8 janv. 2011

Plagiat.

Ce serait une histoire déjà écrite. Avec des mots qu'on a tous entendus.
Avec deux héros qui n'ont rien de nouveau au rayon personnages.
Les descriptions resteraient sommaires, l'action se situerait dans une ville sans nom,
mais on pourrait s'y croire. Une espèce de fiction dont on ne se souviendrait pas.

Il y aurait des rues un peu tristes, un bistrot au coin où la femme viendrait souvent. La seule chose peut-être un brin originale que l'auteur aurait osée, ce serait que la femme tous les soirs se retrouverait bourrée au comptoir. Et le mari divorcé depuis un an aurait à sa charge deux enfants de 5 et 7ans et demi. Sa femme à lui se serait barrée avec un milliardaire Haïtien qui lui aurait promis de lui payer toutes les chirurgies esthétiques qu'elle aurait voulues. L'homme n'aurait rien pu faire. Il était devenu tout gris. Cela serait l'audacieux renversement des rôles. Qu'aucun ne relèverait jamais dans une étude de texte universitaire.

La fille elle de son côté donc, picolerait chaque soir à la bière. Voire au champagne en période de régime. Elle n'aurait jamais eu le temps d'aimer. Son corps aurait été un trop lourd bagage pour qu'un seul être s'y attache.
Elle sourirait, vivrait en faisant des boulots sans avenir. Lui passerait tous les jours à deux reprises devant la vitre pour aller chercher ses 2 baguettes à l'heure des infos régionales car la boulangerie qui ferait du bon pain serait un peu en-dessous de là où il habite.
Et il ne la verrait pas. Elle serait toujours de dos sur une chaise haute. Il ne la verrait pas.

Oh et puis finalement, ils ne se rencontreraient jamais. De toutes façons ça ne sert à rien.
Tout a déjà été écrit.

2 janv. 2011

Il n'est plus possible

De se dire naissante à Nancy en avril 76
Et d'écrire à celui qui ne sait pas lire
que tes études sont un bagage essentiel
passionnément réalisées
et d'affirmer en le signant tous les jours
un Curriculum que tu ne reconnais pas
je ne peux pas creuser demain
je ne sais plus si hier était tenable
et si j'ai bien digéré la licence et ta maîtrise
ennuyée sur un auteur qui t'a pris toute la tête
pendant plus d'une année en te forçant à trouver l'
Hypothèse et de faire fleurir un schéma ternaire
pour qu'il fonctionne et que des yeux bouchés par des lunettes
reniflent la puissance de ta pensée
Je ne suis pas encore
vivante. Même avec mention.
J'ai envie de ta main pour
me tenir et
alors je saurai
sur deux roues
pédaler pédaler