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22 oct. 2008

RÉVOLUTION (suite)

Ruer dans les brancards. S’accrocher à la nuit. Ne pas, comme la pluie bleue, dégringoler mais s’envenimer
Des fureurs qui nous calcineraient
Si on s’y laissait prendre.

Revenir comme des morts qui sauraient ce qu’ils perdent
S’en remettre au premier de nos sens
La joie de crever les abcès
Ne mourir que de joie
Et faire la nique à ce qu’on sait déjà
Avancer plutôt que de pleurer
Sur ce qu’on deviendra
Faucher les échéances
Marcher marcher en frayant de nouvelles sentinelles
Mâcher des insectes étranges
Détester les péages auxquels on veut nous faire croire :
L’amour sous des palmiers et la mer dessalée.

-Un gland est tombé du vieux chêne-

Et parler une langue fantastique
Sans commune mesure
Que les rats chanteront.

Personne ne m’avait dit qu’être heureux ne portait pas malheur.
Personne ne m’avait dit que je ne risquais rien à demeurer vivante
Qu’il ne servait à rien de faire la morte plutôt que devenir
Personne ne m’avait dit qu’il n’y avait aucun mal à demeurer vivante
Vivante et que la Joie pouvait faire pleurer
Aussi bien que la peine
Mais qu’elle était meilleure parce que toute claire
Et fervente à donner
Cependant que la peine était lourde à créer
Trop pesante à l’esprit

Personne ne m’avait dit que la joie pouvait être sérieuse et pleine
De violence - la vie est violence -
Que la joie n’était pas l’oubli de la Tristesse et ni sa suspension
Mais qu’elle la surmontait
Qu’en cela était vie et non plus moribonde
Qu’en cela j’avais bien
de la raison à vivre
au moins une et laquelle !
En raison de la joie
Et même Déraison
Que j’ en avais le droit sans nulle autre raison

Personne ne m’avait dit qu’insensée
je serais digne d’exister

Et que vivre n’était pas que du mal.
.

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