La Révolution Domenech.

Manichéisme
la Poésie (la vraie) peut-elle (doit-elle) rire d'elle-même?
En tout état de cause à l'heure où je vous parle
un poète comique n'a jamais bien duré longtemps.
Au hasard bing Ronsard
(puiqu'il est mort et que depuis le temps
n'est pas revenu)
si je relis son
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu cette vêprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
bon on ne peut pas dire franchement
qu'avec Ronsard on se marre
pas plus qu'on s'y gondole
même à la fin du truc,
alors j'ai beau pas être concernée par le sujet mais même si j'étais mignonne
on me dit Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleure la vieillesse
Fera ternir votre beauté". je suis pas pliée en quatre.
D'aucuns très habiles rétorqueront: "ah oui mais là l'exemple périmé
a reçu prescription."
Soit, je tronque mon exemple pour un autre plus moderne.
La Fontaine par exemple.
Alors La fontaine, je dirais, c'est différent car il est spirituel.
Ce qui n'est pas humour. L'humour est sans esprit.
Autre exemple: Arthur. Alors l'humour à la Rimbaud
bien sûr, mais depuis qu'on a récemment inhumé une photographie où il apparaît (si c'est lui) sous un nouveau jour
non ce n'est pas avec ce gars-là qu'on devait se faire des soirées "Papous dans la tête".
Poursuivons- le 20ème siècle est truffé de poésie pleine de drôleries
où le surréalisme a amusé la matière. Et l'être et le néant.
Enfin un surréaliste n'est pas poète. Même un Breton.
Un Breton poète, c'est surréaliste. Personne n'en est dupe, surtout si Personne est normand.
De même que celui qui est en analyse ne fait pas la découverte du siècle en découvrant qui il est, quand bien même il le croit.
Le surréaliste précursionne le contemporain Comique.
Un comique n'est pas poète. Un spectacle de Raymond Devos n'a jamais fait pisser de rire une salle de spectacle. Mais que non! C'est des mythes de le dire. Qui le dit se prend pour celui qui rit mieux que les autres. Franchement, la mer démontée qu'on a remontée, c'est un peu comme Ronsard: il n'y a pas de quoi. De même que le coup des ronds-points. Y'a pas de quoi se fracturer la mandibule. Pour être drôle, il y a une nécessité c'est d'être vulgaire en sachant qu'on l'est tout en le dénonçant en même temps qu'en son for on sait ne pas l'être. Sauf que si on y est trop vulgaire, le for s'embourbe et s'agrippe aux applaudissements de convoitises et là c'est très mauvais. Ca devient provocation . Question de dosage.
Un comique n'est plus poète car on l'a déjà vu. Du coup ça ne fait plus rire. Usé.
Rien n'est plus possible.
Ah si. Il existe l'exception qui déjoue l'ensemble des règles. L'exception qui tue tout ce qui bouge. Un poète véritable, poète drôle qui s'ignore et en sus vote à droite.
Un seul nom capable au jourd'hui de réconcilier poésie et humour révolutionnaire.
C'est celui de Raymond Domenech.
Tout dans Raymond Domenech renverse la théorie de l'artiste froncé dans son appendice biliaire.
Il suffit d'ouïr en jouissant ce pentamètre délicieux
digne du plus beau patronyme d'une comédie de Racine s'il en eût écrite une seule au détour d'un buisson versaillais.
Raymond, prénom ringard et cependant farouche de qui maintient en lui la modernité du paysan en colère.
Domenech, Nom dont la douceur inaugurale de la dentale s'aiguise au fil de la résonance en double vibrato pour finir dans l'éclat tragique d'un coup de sifflet final.
Raymond Domenech porte en soi une étendue sonore inversement proportionnelle à l'esprit de son corps.
Cela s'appelle Poésie. Creusée par l'Ignorance du sportif parlant hors de son stade.
Avec Raymond domenech
Est né l'Humour poète.