Une fois franchie la frontière, la nostalgie établie, les parfums perdus, la mémoire qu'on refuse pour ne pas pleurer encore résonnent il faut s'y faire. On reconnaît tout dans l'étrange: le parfum de sa mère, les dattes qu'on suçait, la terre qui ouvrait un chemin.
Il faudra s'y faire à retrouver hier dans ce demain haï. Le présent nous inonde de souvenirs heureux, évanouis dans ce qu'on pensait refuge.
Il faut s'y faire. Aimer l'étrange qui nous refuse. Aimer ce qui nous ignore, spolie ce qu'on a de crevé en nous. Avancer et s'oublier un peu. L'amertume c'est cette mer traversée, et qu'on ne voulait pas et qu'on a pleurée tant la traversée fut laide, sans espoir, et sans amour au bout.
Il faut s'y faire à l'autre langue, l'autre savoir, l'autre regard, l'autre paysage. Il ne neigeait pas hier. On suait de misère. On mangeait ce qu'on pouvait la mère nous regardait il était bon de manger quand la mère voyait qu'on mangeait.
Il neige maintenant.
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