Loups

Que fais-tu dans la nuit verte
enfant de la rosée?
Que fais tu nue et offerte
dans l'onde du marais?

- j'ai perdu la lumière
j'ai perdu le chemin!
je suis dans le songe sans fin
qui a tué ma mère!

Je m'enfonce dans la boue
que mon rêve a creusée
C'est un cri que j'invente
et les morts pour famille
hurlent comme des vampires.

Des crevasses fragiles salivent
je me penche sur elles
et je vois dessiné
un destin tout bizarre.

Le jour reviendra
pour nous affamer
vraiment
où l'on dira: "victoire!"

Victoire
et vive le brasier!

Le Mépris.

Cloué au pilori, un couple s'entretient:
- dis moi Raymond, m'as-tu trompée plus d'une fois?
- bien sûr Brigitte plus d'une fois enfin!
- ah... plus de deux fois?
- voyons Brigitte, évidemment plus de deux fois! tu as de ces questions...
- oui je sais raymond, mais bon...je voulais être sûre...
...
- eh dis Raymond, tu m'as trompée plus de trois fois?
- oui Brigitte oui, plus de trois fois...
- plus de quatre?
- oui plus de quatre...et plus de cinq...
- et plus de six? - plus de six...
- Raymond, est-ce que tu m'as trompée plus de sept fois?
- oui je t'ai trompée plus de sept fois...
- et jamais je ne t'ai manquée?
- je ne crois pas Brigitte.
- ah. et est-ce que tu as eu du plaisir?
- beaucoup de plaisir Brigitte.
- elles étaient jeunes sûrement.
- oui elles étaient jeunes.
- et belles bien sûr...
- très belles, magnifiquement jeunes et belles.
- Et dis moi Raymond, pourquoi ne m'as tu jamais quittée?
- Enfin , pour qui me prends-tu Brigitte?
- je sais bien raymond, mais...pourquoi
- Petite Brigitte...tu m'aimes.

Fatalement...

un jour, ça finira.
A force de tirer
sur la ficelle
un jour
ou l'autre
on y passera
on cédera
comme une cocotte
à la minute où
la soupape
quand la pression
atteint son point limite
valse et fait pschiiiit
et que la vapeur
envahit la cuisine
laisse derrière elle
une fumée à l'odeur de
choux fleur
un jour fatalement
la crack le boum le hue
le burn-out l'implosion
ça pourra plus durer
on crèvera
alors
seulement
on sera
des dieux
volants
fatalement
fantômes.

Force.

J'ai vu, fumeuses, les tranchées mornes
où les ventres creux criaient de froid
J'ai vu des enfants sans visage
tremblants,
aboyer après le ciel
et prier Dieu le Père qu'il les accueille bientôt
J'ai vu des renards verts renifler les corbeaux
dans la terre trop humide, trop noire,
J'ai vu ma grand-mère mourir le soir de fête
et rire encore aux nez des enfants fous.
J'ai croisé des regards qui m'ont dit "tu es belle"
j'ai fait l'amour à des singes pervers et imberbes
pour m'entrainer au pire
J'ai mangé crue la peau des oranges
et puis j'ai bu les larmes des sans-famille
pour figurer ma chance.
J'ai rêvé le tourment et l'aigreur
pour me réveiller riche et pleine
sous une couverture. J'ai crié la défaite
pour profiter du silence d'une âme dénudée.
Impuissante je suis une criminelle
des sanglots longs
et la pensée donne des fleurs au monde
à force de sourire
à la force du rire

Humblement je creuserai les cratères
et l'esprit grandira

Je grimperai aux déserts
pour qu'ils naissent à la Grâce
des peuplades pionnières
et mes larmes vainqueurs
auront le dernier mot

Je gravirai les dunes
du malheur
et boufferai le sable
pour que seules restent
les pluies chantantes
de la modernité.

Le vent le vent c'est le vent victorieux
du possible
j'aurai la force d'aimer
pour faire grandir le monde
et que je sois vivante

Vase clos

Peut être,
le poisson dans son bocal
se dit qu'il est heureux de n'être pas
une moule
dans un menu de brasserie belge.

Peut être,
la moule du menu moules-frites à 10 euros
à la taverne de Maître Kanter se dit
qu'elle est heureuse de n'être pas
une crevette coincée dans le beignet
du menu friture à 9,50.

Peut-être aussi
que la crevette se dit "quelle chance
de ne pas finir sushis au Japonais
de la rue Saint Anne."

Peut-être
moi je suis heureuse
de ne pas être trop
imbécile heureuse
comme le poisson, la moule et la crevette.

Abstinente.

- Police dans les yeux
la démarche cintrée
avec ongles brûlants
et encyclopédiques
faisant croire à l'Honneur.

Petit chignon pincé
comme les lèvres
gercées

Maquillage polaire.


Assiette sans bavure
Pensée contaminée
La conversation dentiste
avec financièrement parlant
quelques pointes acides.

Remontées d'horaires
à quatre épingles
et bile strictement
professionnelle.

Les dunes de désir
parsemées ont fissuré
la chair

Bouche sèche et amère
aigre suintement de la peau
le souffle refusé
par amour pour
Famille travail patrie

Chanter jusqu'au possible

Je cherche la langue maudite des druides. Fatalement, des gnomes à portefeuille me proposent leurs services. J'accepte mais pas très convaincue.
Je cherche des grimoires en flammes. On m'apporte du red-bull avec quelques oranges.
Bon.
Je continue ma course, le nez un peu en biais.
J'appelle quelques vampires. On me donne un mari. Soit j'ai une robe à fleurs et même un sèche-linge, mais le sourire ne vient pas.
Je cherche des mots vaudous, avec des forces magiques. J'enterre le vent pour qu'il n'effraie plus l'amour. Je pleure pour que la joie donne des fleurs dans les cheveux des filles/
J'entends des refrains mous qui me disent d'avoir peur. Et de maudire le jour.
Je ris quand de rage les moineaux font du ski sur les toits en ardoise.
Je ris si fort je ris si fort
que les médecins ne savent plus comment faire
pour étouffer la joie

révolutionnaire je chante un hymne
fou
funambule et drôle

buisson ardent de mon coeur
je me cache et de lui
s'échappe des éclats
de rires
despespérés
je suis folle folle folle

Banquise.

C'est le nom
de ce soir où
tu as dit "Adieu"
l'étendue de la nuit qui lui a succédé.
Banquise illuminée
par l'absence spectrale
abattue dans le mot

Un cri comme suicidé.

L'écho mort
et le silence blanc

Banquise
stupéfiant le corps.

"Et à présent,
Adieu".

"Aïe Vive aïe l'Amour!"

dit la marguerite.

Bientôt la Saint Valentin.

Qu'est-ce qu'on est bien, hein, te treuves pas qu'on est bien,là hein?
Hein, qu'on est bien hein? On n'a besoin de rien tellm'ent qu'on est bien hein?
Boudiou c'qu'on est bien ici là ensemble treuves pas dis?
Moué j'm'en lasse pas d'me dire qu'on est bienheureux comme ça là
à nous dire qu'on est bien, j'passerais mes jours entiers...
Dire qu'y en a qui s'font chier tout seul ou à plusieurs pendant qu'on est si bien!
Moi ça m'rend heureux tiens de savoir qu'on est si bien pendant qu'y en a qui sont en train de s'bouffer les narines ou de se tourner les pouces parce qu'ils sont pas bien.
Hein Valentine hein?

DOCTEUR! J'AI LA CRISE!

Docteur! J'ai mal à ma voiture. Ma fille est délinquante. Je n'aime pas la guerre. Je fais des rêves bizarres. J'ai troué ma chaussette. J'ai les oreilles qui sifflent. La Poste ferme à 6 heures. J'ai mal à mon starter!
Docteur! Mon bon Docteur: suis pas dans mon assiette. Ai la vue un peu grise. Mon Nasdaq est en baisse. Mon taux chu chute encore! Ai touché les ténèbres. Mes calculs sont biliaires, j'ai la gastro-bancaire! Les comptes vont à rebours, j'ai les bourses en jachère!
La Banqueroute est passée, elle m'a prédit la fin, je n'ai plus une noisette: avec sa faux macabre, elle a scié ma branche. J'ai couru rechercher les glands de ma fortune, et tout était bouffé par les cochons sauvages....
Docteur, j'ai mal dans mon moteur. tous mes sens interdits filent dans le mauvais sens, . Je voudrais recouvrer mes veines financières. J'étais si performant, on m'appelait "l'Action"tellement j'étais gagnant. Mais j'ai perdu la gnaque, mon train d'vie s'est crashé, mes capitaux palpitent.
Si vous pouviez me faire une petite ordonnance, j'aurais bien besoin d'un billet doux pour remonter mon cours et repartir d'un bon pied et surtout d'un oeil sûr. Docteur, un petit stimulant pour carte bleue très pâle, un petit anti-dépression pour mes pèzes anémiés,un bon anxiolytique pour mon chéquier tout blanc....

Pensée d'hiver

La neige à Paris
C'est du vent.

La vie facile.

Travailler bien à l'école.
Choisir un bon mari.
Avoir un bon travail.
Avoir de beaux enfants.
Ne pas chercher la gloire.
Ne pas chercher d'histoire.
Se contenter de peu.
Ne compter que sur soi.
Savoir se faire plaisir.
Vivre tranquille, à la mesure de ses moyens,
Ne pas faire d'excès,
Etre un peu économe
Savoir gérer ses comptes
Ne donner qu'aux enfants
Gâter les petits-fils
Savoir se faire plaisir (bis)
ne rien devoir aux autres
Faire de bonnes nuits.
Dormir accompagné. (facultatif)

Et le tour est joué.

Haine-issement

J"hennis le soir à 23heures. Je fais le cheval. je saute tous les obstacles.
Le monde m'appartient
Pur sang indomptable je montre les gencives
les bouchers pourront prendre une tranche
dans le bifsteack,
je remonterai sans viande, moins docile
même mort je jetterai vos fers
au-delà des troupeaux
je hais tous vos hospices
et les horaires glauques,
je suis noir et luisant
ne porte aucun prince ni couronne
les princesses sont reparties crottées
je ne veux pas mourir dans la paille
et la boue.

Empallement de voisine.

(Ou "des joies de la copropriété)
A l'ordre du jour pour la prochaine AG, nous vous prions de vouloir trouver le point suivant,
suite au courrier ci-joint de Madame G., point numéro 23 "Elargissement de cage"

"Monsieur,
Je souhaite mettre à l'ordre du jour pour la prochaine AG, la douloureuse question de l'élargissement de ma cage . En effet,dimanche dernier, sirotant ma tisane sucrée au miel d'abeilles bio, je déhanchais mes hanches gaiement sur le troisième mouvement du Deus noster refugium du feu Jean-philippe Rameau , et, alors que la viole allait atteindre le fa dièse mineur, au moment fatidique où j'esquissai d'un revers de l'annuaire, l'ascension de mon coude droit, c'est alors que soudain d'un coup sans crier gare, j'entendis un cri résonner dans mes deux oreilles toutes ouïes et tous tympans dilatés.... Un son s'articula "TA GUEULE L'ESTURGEON"...là j'avoue que je me dis "saperlipopette, qui, un dimanche à 13H43 qui plus est, à l'heure où les justes ont droit à leur temps de sieste bien méritée après une semaine de lourd labeur, qui ô qui ose sonner l'hallali tel un Cerbère en furie pourchassant un pauvre Achille ayant oublié son arc auprès de Calypso? Oui qui? ô qui? Qui qui qui!??... Alors prenant à coeur mon rôle de Psdte du CS de l'immeuble, j'ouvris, d'un commun accord avec mon âme , et après 5 minutes de respiration tonique , di-tonale et yogique que mon Maître LAO-ming-Zou-Thaï m'a enseignée lors de son séminaire de mars dernier au salon Naturalia de la Porte Champerret intitulé " Vaincre les mauvaises ondes du monde méchant qui nous entoure/ Se dépolluer l'esprit des miasmes contaminateurs de la perversité qui nous rendent tristes moroses et -il faut bien l'avouer- un peu verts" , ma porte blindée fermée à 4 tours avec crochets de sécurité...et là!! là là!! je vis, furieuse erynie, la sale pute du dessus..hum...je vis fondre sur moi ma voisine avec sa baguette tradition encore chaude, et si cette dernière avait eu, ne serait-ce que quelques heures de plus , je me serais retrouvée crucifiée sur la croisée de l'escalier...et mon corps giserait...gérirait....gîrait.... pourrirait encore....et mes os serviraient de cendrier de couloir.... bien en a pris le boulanger de cuire sa fournée un peu plus tard que d'habitude: je réchappai donc , avec pour seul dommage, un pain ratatiné sur mon corsage en dentelles de Plougastel, ramené de mes vacances à l'époque où mes parents habitaient encore la Bretagne pour des raisons anarchiques dont il me semble inopportun d'évoquer dans cette missives les douloureuses origines , à moins que vous insistassiez, en ce cas, merci de m'en faire part et je vous en rapporterai les détails de façon exhaustive et circonstanciée, veuillez le croire, car humble serviteur de vos services, je suis votre obligée.
En tous les cas, et c'est pourquoi, je demande la rénovation complète de la cage d'escalier, avec aération- ventilation de la mienne thoracique, pour, au cas où je mourrais, que mes cendres s'envolassent en un tourbillon fou de poussière et ainsi que, j'eusse la sensation ultime, de danser encore un peu durant quelques secondes avant passages , certes de serpillière hebdomadaire mais surtout, à trépas.
Je vous joins les devis.
en vous remerciant de votre coopération, je vous prie de croire, monsieur, Madame, l'expression de mes salutations sincères .
Madame G. Psdte du CS de mon immeuble."

Merci , en cas de récidive, de ne pas rater votre coup/
(Précautions: proscrire la baguette de boulanger
préférer: Jésus de charcutier. Aiguille de tricoteuse. Magnum de caviste. Marteau de Bricorama. Ski de chez Go Sport. Baïonnette du Musée de La Bastille. Harpon de poissonnier... viser le foie,.et enfoncer enfoncer jusqu'à éclatement biliaire)

Détail.

Une fleur dans les cheveux
Le bouton de la chemise.
Le sourire du matin.
Le café froid.
La noisette de beurre sur la tartine.
La pincée de sel dans les blancs d'oeufs.
Le feu vert.
Le carton jaune.
Le drapeau rouge.
Le moustique à 1 heure 03.
Le super prof d'histoire.
La casquette bleue Ricard.
L'accent des Vosges.
L'accent du sud.
La marque des lunettes.
Le vent contraire à vélo.
Le dernier jour des soldes.
23H59 le 31 Décembre.
Cette part-là de galette.
La mâche mal rincée.
Habiter le 6ème et dernier étage.
Avoir vue sur les toits de Paris.
Mon voisin a la fève.
L'ascenseur est en panne.
Une plage de sable blanc.
Ton visage mal rasé.
Un mégot dans le sable.
Je t"embrasse ça pique.

Fossoyeurs bling bling.

Nous vivons une époque formidable: les rois ont des rollex et portent des Ray-Ban. Cendrillon envoie des sms pour dire qu'elle a du retard. Dans les colombariums, les fossoyeurs s'emmerdent. Ils contestent la mode des brûlés." La fin des cimetières, et c'est bibi qui crève". A quatre heures on mange un hamburger mais sans y croire vraiment. Il n'y a plus de trous dans la terre. On spécule avec nos prières. On ne croit qu'à l'oubli, le souvenir est bien trop consistant. Les cendres dispersées font pousser la verdure. Des urnes brillantes avec un nom gravé pour dire qu'on se souvient.
Là le téléphone sonne. Il est 20H54 à ma rollex étanche.

SCOLIOSE.

C'est la force à côté
C'est ne pas savoir
ne plus savoir comment
c'est comme avoir fait
disjoncter tout le circuit vital.

Accumulée la force, à côté,
n'en peut plus
de ne de plus pouvoir.

La pensée détraquée s'épuise à l'envers
Et le devant-derrière.

Rien n'est plus possible: tout n'est plus
que dispersion moléculaire/

cri de l'amour déraillé
déboîtement enragé que la vie
assène dans le cerveau

La vie prise de travers

La force:
accumuler l'erreur
la sentir droite
froide fièvre.
Enfoncer les larmes
là où les nerfs macèrent.
La force: sentir une à une
les vertèbres
gémir
recevoir la peine
pour entendre
comment s'en échapper.

Corps soldat
pensée percée
La force:
savoir au fond
-là où les nerfs lâchent-
convertir
convertir se convertir.
corps et le coeur répondront
D'un commun accord d'amour lâcheront
la rage à ton insu
débordera lumineuse
le sang
parlera de lui-même et le ciel
encore saura porter
le feu d'un Espoir sans rival
porté par une pleine Joie
le sang coulera de toi-même
Comme une bénédiction.

J'ai ri cent fois
de rage pour couvrir
le bruit du désespoir
les regards assourdissants
de ceux-qui-savent-vivre
Tordue je suis allée plonger la tête
dans le coeur des coeurs-purs.
(palpitante ma tête
s'écailla comme un arbre)

Un à un tous les clous s'arrachent
et tracent un parcours,
la vie au sommet
d'avenir.

Bouillir

est un combat
la colère est cruelle
quand on se pense seul
mais tout en vaut la peine
Ne pas chômer sa rage et dissoudre le temps,
Fumer la colère, la pendre pour qu'elle devienne rance
à force de brûler
Fulminer au point
des fusions fantastiques
Que la bile s'écarte
indélébile et verte!
Il faut crever jusqu'à la fonte
de nos nerfs trop irrités
comme un sucre les discours
ramollissent la moelle.
Gravir le sommet des multitudes
Et que le feu des exploits
écoeure la grammaire.
Une audace sanguinaire fera
chanter le monde
pour qu'il reprenne vie.
Indescriptible amour où
La Force est la foi
et déconstruit le monde
en décomposition.
Chaos je te construis
et je bous de t'aimer!

La vie, je t'aime.

Ce soir je boisse
Je boisse à perdre haleine
et quand ma tête est folle
je ris à cent à l'heure.
J'aime bien conduire le corps
quand plus rien ne répond
alors je sens des ailes
fleurir dans mon cerveau.
Je sens le ventre gonflé de certitudes
et le feu de la vie
m'entraine à l'adorer
Un autel perdu de solitude- mon coeur il y a 20 ans-
s'écroule et je vieillis comme un miracle
Les rides sont une preuve.
Le suicide est parti. Je ne suis pas tuée.
"Mademoiselle vous êtes morte"
comme un orage
résonne encore.
Je vieillis rebelle et fraîche entre dans le brasier
Ses caresses tombent des cintres
je les reçois à genoux
dans ma chambre secrète.
De tout mon coeur
Je remercie les hommes redempteurs,

chaque jour fleurit une aile
dans mon cerveau

Pour faire un bon gâteau

Prenez la mappemonde
versez le firmament
battez les astres jusqu'à ébullition
de l'angoisse
et lentement crevez la toile.
Filez en amoureux toutes les habitudes
Supportez le ciel comme Atlas le Dieu
et secouez
Secouez l'Humanité entière
Il y faudra des fleurs
Il faudra le tonnerre,
le spasme titan
de notre déchirure
je te hais tu me hais
j'y ai mis tout le feu
et toutes mes défaites
un volcan sanguinaire a fait fuir les dragons
et le désert est né de cette apocalypse.

Pour faire un bon gâteau
convertissez l'angoisse
en autant de clochers
et le sucre filé
prendra une couleur
irisée d'un Délice
Odieux

Chocolat très noir
Oeufs frais
beurre salé,
sucre roux
farine et levure tamisée
190° environ 20 minutes
pour un petit fondant.

Ô mon Amie,

As-tu vu que j'avais changé?
Et que mon sourire était un vrai sourire?
As-tu vu que mes yeux ont perdu le regard
gris qui n'en finissait pas
et voient bleu transparent
percent lucides dans le brouillard acqueux?
Franc visage des purs que tu m'as accordé
en me disant "confiance" Confiance mon amie
Confiance ma maîtresse qui me dis qui je suis.

victoire.

Du sang a coulé: victoire!
Nous sommes vivants
Nous les assassins avons crié: "à mort
les ennemis": victoire!
Nous
avons mangé de la viande brûlée
à l'échafaud des hérétiques
Nous
avons fêté le massacre de tous ces porcs
sans philosophe et craché sur les os
des ténébreux! Nous
avons planté le drapeau
de nos batailles gagnées à la force
de nos armes chargées de plomb!

Les corbeaux mouillés par la pluie noire de nos bûchers
sont partis loin de nous.
Leurs plumes ébouriffées ont préféré l'orage
des nouveaux continents.

Je danse.

Justement je les aime quand
ils me parlent comme
si j'existe vraiment
justement je les aime quand ils me répondent
comme si je suis adulte.
Je pleure tellement quand je n'ai pas raison
mais que tout ça n'est pas grave.
Quand j'ai peur de vivre et qu'ils me sourient
gentiment et surtout
comme si je suis vivante.
comme si je suis parmi eux
et que cela n'est pas grave si
je ne mange pas comme eux
je ne mange pas comme eux/

je vous aime les gens
qui respirez
et me dites
que mon prénom existe

je reste blanche et les couleurs
quand ils me donnent une épaule
furieusement me viennent
comme si je suis vivante
comme si je suis vivante

Alors je me mets à danser
sur toutes les musiques

Les filles aux ventres ronds

ont l'âme montgolfière
elles rêvent haut
rient e l'amour
quand l'autre monte au septième
ciel et leurs yeux portent
l'écume rare des océans
Les filles venues de l'air
respirent les solitudes mornes
broyées à leur contact
Retournent à la terre pour expulser
le souffle vain des sacrifices
Le soleil aime à brûler leur désir
et souvent elles tombent folles
calcinées d'une décharge
Des fleurs électriques poussent alors
comme des larmes
et les corbeaux venus manger
leurs os en cendres
deviennent blancs comme une lune
pleure en hiver.