Il faisait diablement le printemps
j'ai mis une robe noire qu'on ne porte pas passé un certain âge
j'ai mis des docks
j'ai mis un bouson
une écharpe
il faisait frais
je me suis dit :avoir un peu froid allait braver la destinée
j'ai parcouru la ville
le métro regardait une silhouette étrangement rebelle
or j'approchais la fin du demi-siècle
je regardais le reflet de mon ombre
mes bottes bien assises sur le plateau vibrant
ma robe tellement pute sauvée par un caleçon
je ne suis pas une pute
je suis arrivée il faisait bien trop chaud pour le printemps épais
il a refusé le baiser car un baiser sur la joue ne vaut rien quand nos bouches s'emmêlaient
sauf que depuis dix mois nos langues n'avaient plus aucune saveur
il accolait ses bras autour de mes épaules
je ne suis plus la pute
tes amis étaient certains que j'étais fille facile et vénale
ils avaient raison les amis je suis facile et banale
j'ai enlevé le pull qui me rendait humide
Il m'a emmenée dans un café de luxe
nous avons commandé un café de luxe et deux verre d'eau de luxe
il m'a dit que l'amitié était nature morte
il a dit on ne fait pas la bise à celle qu'on aimait
j' ai dit "je ne sais pas. Peut-être et puis qu'importe"?
on avait à recommencer
seulement refaire le tracé: sinueux et honnête
il m'a redit les échecs, les miens évidemment, il m'a dit
que je ne valais rien que j'étais détestable qu'hier racontait le demain.
J'ai compris l'allusion. L'accident était irréparable.
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