Un crabe sur le paillasson!

Le réverbère a éteint les boulevards, il pleuvait novembre, les hommes rentraient leur tête comme pour aller plus vite.
La ville était mouillée et les chats répétaient qu'elle ne craint plus l'eau froide. Pas de lune non plus qui aurait pu attendre des nuits plus belles.
Nous sommes rentrés chez nous, mais chacun de son côté.
J'ai monté les escaliers fièrement en claquant bien la porte du hall et surtout les talons.
Arrivée à l'avant dernier étage, le paillasson était bizarre, un crabe desséché chantait un requiem
Le linceul trop large semblait inopportun, je demandai "Pourquoi
es-tu venu jusqu'ici petit crabe- fossile?"
les os se dispersèrent, et l'âme crustacée souffla à mon oreille:
"je pensais qu'au septième, le bonheur chanterait
et me donnerait des ailes-
je pensais qu'au septième,
Saint Pierre m'accueillerait
et me dirait "entrez petit crabe salé
goûtez à tous les miels que spécialement
pour vous nos elfes ont butinés
Entrez, petit crabe des marais de Province,
Baignez-vous dans nos fontaines molles...",
Je croyais que mille et uns fruits remplis de soleil
s'ouvriraient sur mon passage
et que toutes les couleurs éclateraient pour
me faire boire leur lait!"
Pour ne pas le décevoir avant qu'il ne se décomposât
Je le rassurai comme je pouvais: "Encore quelque patience! Vous n'êtes qu'au sixième
et c'est le purgatoire!
montez sur mon épaule, je ferai le chemin
jusqu'à la vraie station
et vous déposerai au pied du Paradis..."
Il était tout petit, ses pattes se mirent à rire
il les agita très vite et pour me remercier
avant de s'évanouir content,
il se multiplia et me légua
toutes ses métastases.