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20 août 2010

Menazzzer

"Tous aux abris!" s'écria-t'elle en sursaut à la vue du ras-de-marée intempestif et comme venu de nulle part (puisqu'on était en Lorraine) qui déferlait en même temps qu'un nid de frelons qu'elle était en train comme chaque nuit d'éradiquer (avec la combinaison qui va de paire) de son jardin paternel (évocation assez courante d'un travail efficace sur l'inconscient avait dit son médecin surtout quand il est en friche et réussi quand les fruits et fleurs produisent) en l'occurrence

il s'agissait de s'évacuer illico et sans coup férir de ce putain de terrain rempli de dangers en tous genres "barre-toi de là cocotte" (certainement un écho de surmoi) et hop elle dégringola de son lit pour plonger en lieu sûr à savoir dans le réfrigérateur, où elle l'espérait le tsunami se prendrait un sale coup de gel et ainsi ne pourrait plus la submerger d'ailleurs (pensa-t'elle encore)
les frelons aussi s'en prendrait pour un bail
et elle referma la porte (et la lumière avec) se rendormit jusqu'au matin sans lueur de jour pour l'en avertir puisqu'elle était dans un antre obscur et cependant ami puisqu'il l'avait accueillie à une heure non prescrite. Arrive le matin donc,
et en pleine mutation stalagmite et -ctite car ça figeait aussi en hauteur, elle ne manqua pas de se dire qu'elle avait encore dû rêver trop fort. Elle considéra l'état en ténèbres de son frigo. Pas top. ça manque de vinaigre blanc.... elle essaya alors de bouger l'orteil pris au piège dans un des trous du range-oeufs. Bien sûr aussitôt une omelette s'improvisa un peu trop baveuse à son goût. Elle n'eut d'ailleurs aucun accès de panique, elle avait connu des situations bien plus humiliantes. Et du moment qu'elle n'avait pas embarqué un tiers quelconque dans son cauchemar, elle était soulagée, reposée, contente, presque satisfaite d'elle-même: "Bravo cocotte!" Elle s'en tirerait bien un de ces quatre. ça prendrait le temps qu'il faudrait, mais après tout elle en avait du temps, et ça ou autre chose, c'était une occupation comme une autre. Elle fit donc quelques respirations ventrales pour se donner courage et en profita pour remercier le Ciel de ne pas avoir mis quelqu'un d'autre dans le coup. Elle en était à la troisième expiration extra-profonde quand soudain (c'était net c'était limpide) une espèce de bourdonnement étrange venu du bac à légumes atteint son oreille encore tiède... une sorte de "mmmgrrmmhh"....et puis "glaglaglabrrr" et aussi "onslépèljememeurs"
Immédiatement trois hypothèses (elle avait l'esprit hégélien et croyait fort au progrès de l'Histoire) frappèrent la première synapse:
Petit a): je suis trop lourde, le moteur du frigo est en train de péter une durite
Petit b): un frelon a trouvé mon premier niveau d'inception.
Petit c): Y'A QUELQU'UN D'AUTRE DANS LE FRIFO...???? (comme il faisait froid son articulation était engourdie et c'est la raison pour laquelle elle prononça"friFo")
Alors inutile de dire que- respiration abdominale ou pas- la crise d'angoisse créa une surchauffe intérieure du mécanisme global dilatant les parois de plastique incapables de résister au degré critique au-dessus duquel la notice d'explication ne garantit plus rien: un branle-le-combat apocalyptique s'initia:le beurre se mit à fondre, le jambon blanc à frire, la kronembourg explosa, la crème tournicota, tout partit en couilles c'est la chienlit c'est la débâcle. La jeune femme profita de ce que le circuit relié à l'ampoule eût disjoncté en créant un éclair d'électrocution pour apercevoir, coincé entre la salade et le reste de petit-salé, un bras bleu déjà en état 3 de force d' inertie. Puis elle aperçut un casque. Enfin plus exactement elle distingua trois casques.(euh Non en fait c'était plutôt deux:le troisième était un melon.)
Elle tentait de se souvenir: elle était sûre qu'elle n'avait pas fait le 18. A moins que si. C'était possible après tout. Le 18. Ou le 15? Ou le 17.... C'est là qu'elle réalisa qu' à l'étage du dessus, un képi et une croix de Samu lui dégoulinaient dessus.
Alors oui peut-être. C'était peut-être ça. Elle avait peut-être bien dû leur téléphoner quand même, cela était possible et dans ses compétences. Puisqu'ils étaient là. Il avait bien fallu qu'on les y amène. En général ils ne se déplacent pas tout seuls. Donc Bon. Il fallait se rendre à l'évidence. Pourtant elle n'avait aucun souvenir d'avoir ouï les sirènes. Mais bon mais bon. Peut-être que les boules Quiès avaient fait leur travail. Zut, quand même avoir appelé les trois secours ensemble..."chapeau ma cocotte!" ...Encore un coup elle aurait ameuté l'immeuble pour pas grand chose. "Qu'est-ce qu'on va dire de moi?"
Restait à comprendre comment on en était arrivé là. Mais ça n'était pas son problème.

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