J'ai vu, fumeuses, les tranchées mornes
où les ventres creux criaient de froid
J'ai vu des enfants sans visage
tremblants,
aboyer après le ciel
et prier Dieu le Père qu'il les accueille bientôt
J'ai vu des renards verts renifler les corbeaux
dans la terre trop humide, trop noire,
J'ai vu ma grand-mère mourir le soir de fête
et rire encore aux nez des enfants fous.
J'ai croisé des regards qui m'ont dit "tu es belle"
j'ai fait l'amour à des singes pervers et imberbes
pour m'entrainer au pire
J'ai mangé crue la peau des oranges
et puis j'ai bu les larmes des sans-famille
pour figurer ma chance.
J'ai rêvé le tourment et l'aigreur
pour me réveiller riche et pleine
sous une couverture. J'ai crié la défaite
pour profiter du silence d'une âme dénudée.
Impuissante je suis une criminelle
des sanglots longs
et la pensée donne des fleurs au monde
à force de sourire
à la force du rire
Humblement je creuserai les cratères
et l'esprit grandira
Je grimperai aux déserts
pour qu'ils naissent à la Grâce
des peuplades pionnières
et mes larmes vainqueurs
auront le dernier mot
Je gravirai les dunes
du malheur
et boufferai le sable
pour que seules restent
les pluies chantantes
de la modernité.
Le vent le vent c'est le vent victorieux
du possible
j'aurai la force d'aimer
pour faire grandir le monde
et que je sois vivante
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