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18 avr. 2009

J'ai oublié mon nom

L'ai perdu l'autre jour
Sur le trottoir d'en face
Ai refait le chemin vêtue d'un long manteau
où l'on pouvait nager
un poisson retourné
comme des mots
-à rebours-
écrits avec la craie
que je mangeai petite
en cachette dans le noir
pour retenir les ombres
avancer dans la nuit
se souvenir des ombres
se tatouer l'angoisse
des maisons séparées
ad vitam si je survis à elle
peut-être dormirais-je blanche
vidée des jalousies profondes
en secret honteusement
honteuses et malgré moi
rentrées
Pudiquement
Habile et lente sucer
Rebrousser la passion
Gâcher sa peau avec des dessins noirs
Bâcler les draps déchirer les envies
à coups de je ne serai plus là
A feu doux
se déraciner du socle
de l'amour qui se donne, tombé du ciel. Faire semblant d'être ailleurs
sentir trop la présence,
Ne plus avoir le corps qui nous rappelle à lui. Et nous dit qui je suis
Au moins dans l'apparence
Le corps juste, le corps approprié
Miroir fou
Miroir fou
qui assume -pendard!-
le reflet désert
d'un ayant abdiqué
d'un état résigné à l'absence.
Rire d'un éclat diabolique
S'égarer moribonde sur le trottoir gommé,
La ville
- rebours-
effacée par la pluie
Faire la manche demander la pitié
L'aumône
Au passant et prier qu'il nous donne un peu de sa raison, puisque tout s'est perdu.
Trou de la fortune
la cible déchirante
sur laquelle l'homme se blesse.
Le nom de cette substance
que je croquai de rage
pour ne pas m'évanouir
De Douleur
La Douleur de leurs corps
malgré moi
divorcés.

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