J'ai étouffé, somnambule
comme pour déchirer la nuit
la lumière était celle d'un soleil enfumé
la souffrance éclatait sans comprendre pourquoi
j'avais peur non j'avais la panique de perdre celui que j'aime plus que tout
et il est établi que c'est bien arrivé
la crevasse était belle sans pouvoir traverser le vide
j'ignore cette seconde ce qui a fait de moi une autre que je suis
à moins que je sois cette autre qui surgit dans la nuit
inconsciente et violente
à mon front un éclat comme une figue explosée de son sucre
j'ai explosé d'une rage amoureuse qu'on ne contrôle pas;
La forêt ce majestueuse a recueilli quelque part de moi
enfoncée dans la terre, j'y ai versé des larmes qui ne suffisent pas.
J'ai ce truc impossible qui m'empêche de marcher droit
me faut cette troisième roue pour rassurer la crainte
de tomber de me prendre le mur
en bas de la descente
n'ai pas pris le virage
terreur de tourner au moment où il faut
je savais qu'il est nécessaire d'établir une rotation du guidon dans le sens de la courbe.
Je savais bien qu'il le faut.
il est déjà trop tard
les freins de mes pieds ne peuvent plus rien, je ferme les yeux et lâche toute la direction
je crois au miracle d'un dieu moteur pour ne pas trop souffrir
on meurt assez débile en fin du compte
c'est toujours la même chose
on meurt toujours bien con.
Cependant. Je lutte. Comme un diable. Je lutte. sans broncher. Je combats le poison que mon âme génère.
Sans immunité, refaire sa pénicilline. Recommencer encore. Le corps est vénérable. Le mien particulièrement. C'est mon âme qui est souillée de toutes mes pensées de paradis perdu. Mon corps c'est la Passion. Il gravit le Golgotha. Il sait qu'il est perdu. Et monte sur la Croix sans avoir au-dessus le Père.